C'est un nouveau cri d'alarme du secteur hospitalier face à de sombres perspectives budgétaires. À l’approche de l’examen parlementaire du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS 2024), « nous sommes très inquiets pour l’avenir de l’hôpital public », a mis en garde ce 5 octobre Arnaud Robinet, président de la Fédération hospitalière de France (FHF), également maire (Horizons) de Reims.
« Malgré les grandes annonces » de soutien et de refinancement de l’hôpital, « on a l'impression de voir que certaines mesures ne sont pas financées et vont aggraver le déficit des hôpitaux », a résumé le patron du lobby des hôpitaux publics. « Est-ce que l'on veut se donner des objectifs partagés, État, gouvernement et professionnels de santé, sur un temps moyen ou long, ou est ce qu'on continue comme ça à vouloir casser notre système de santé et l’hôpital public », a-t-il alerté.
Bercy plus fort que Ségur ?
La FHF a fait ses calculs et ils sont inquiétants. Elle estime d'abord qu'il manque 1,9 milliard d'euros pour l'hôpital au titre de 2023. La raison ? Le sous-financement des surcoûts « immenses » de l’inflation pour les hôpitaux (à hauteur de 1,5 milliard) et de la revalorisation les sujétions des professionnels (pour 400 millions).
Et pour 2024, il manquerait encore deux milliards dans le budget hospitalier du PLFSS, avec une enveloppe en hausse limitée de 3,2 %. « Ce sont des arbitrages faits à Bercy, très loin de répondre aux besoins minimums », se désole le président de la FHF, qui compte sur les parlementaires pour amender ce projet de loi.
Logique court-termiste
Selon Arnaud Robinet, l’hôpital public « ne peut en aucun cas servir de variable d’ajustement pour assurer la maîtrise des dépenses de santé ». D’où l’importance de « sortir de la logique court-termiste » par « un plan ordonné, pluriannuel, et en partant des vrais besoins de santé », plaide le président de la FHF qui appelle de ses vœux une concertation sur le financement public de la santé. Le modèle actuel de financement et de régulation a « atteint ses limites », résume-t-il, alors que les hôpitaux publics affichent un déficit cumulé annuel d'un milliard d'euros.
Cette situation est d'autant plus alarmante que la dégradation financière des hôpitaux publics aura des conséquences sur leur capacité d’autofinancement et leurs capacités à investir, alerte la FHF. D’autant qu’il faudra « intégrer les impératifs de transition écologique à ces investissements », ajoute le Pr François-René Pruvot, conseiller médical à la FHF et président du conseil scientifique de l'investissement en santé.
Selon la FHF, seule une loi de programmation pluriannuelle en santé permettrait de préciser les objectifs sur cinq ans et « d’identifier les moyens et ressources à mettre en œuvre » (RH, formation, ressources financières). Mais sans attendre, la FHF demande la mise en place « dès 2024 » d’un protocole de pluriannualité « étendu et approfondi ». Pour la fédération, il convient de « passer d’une régulation comptable à une régulation par la pertinence et la prévention, commune à la ville et l’hôpital ».
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