Pour le Dr Faraggi (CPH), à l’hôpital, HPST « fait exactement le contraire de ce qu’il fallait faire »

Publié le 25/05/2011
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Crédit photo : S Toubon

LE QUOTIDIEN – Portez-vous un regard aussi négatif sur la mise en œuvre de la loi HPST qu’André Grimaldi, que vous avez invité à participer à votre « Journée du praticien » (voir ci-dessus) ?

Dr PIERRE FARAGGI – Complètement ! À la CPH, on n’a pas arrêté, lors de l’élaboration de la loi comme après son vote, de dénoncer ses mauvaises orientations. Nous avons essayé de trouver des modalités réformatrices et pour l’essentiel, nous n’avons pas eu gain de cause. En démédicalisant l’hôpital, cette loi démotive le corps médical et porte atteinte, à terme, aux soins prodigués aux patients. Ceci étant, mon intersyndicat respecte les lois de la République. La loi HPST, il faut donc l’appliquer. Et l’expliquer à nos collègues pour qu’ils arrivent à exercer dans les conditions les moins défavorables possibles.

Avec bientôt deux ans de recul, il n’y a donc rien à sauver de cette loi ?

Attention, la CPH n’a jamais demandé le retrait de la loi, uniquement la refonte de son titre I [qui concerne l’hôpital, NDLR]. Même si – et c’est une constante –, il n’y a jamais de contre-pouvoir à quelque étage que ce soit dans ce texte, tout n’y est pas négatif ; dans le champ médico-social, par exemple, il y a des avancées. Mais sur l’organisation interne de l’hôpital, je maintiens qu’HPST fait exactement le contraire de ce qu’il fallait faire.

Vous avez introduit des recours. Sur quels points précis ?

Concernant la place du médecin dans le pilotage des établissements, nous n’avons pas déposé de recours mais adressé – en vain – des propositions de modifications (complétant notamment les attributions des CME) à la mission Fourcade. Car cela nous semble un point catastrophique que de laisser penser qu’à l’hôpital, les CME ne servent plus à rien. Nous avons par ailleurs déposé un recours, avec les autres intersyndicats, sur la représentation des médecins dans le cadre de la planification régionale : nous étions relativement bien représentés dans les CROS [Comités régionaux de l’organisation sanitaire] ; nous avons été marginalisés au sein de sous-commissions des CRSA [Conférences régionales de la santé et de l’autonomie], obtenant péniblement 1 siège là où, auparavant, nous en avions 3 ou 4. Et puis la CPH a déposé seule un recours contre le décret statutaire du 29 septembre 2010. Parce que, non, on ne se fait pas à cette situation. Chaque fois que l’on pourra se battre contre ce qui nous déplaît dans cette loi HPST, on le fera.

Avec les autres présidents d’intersyndicats de PH, vous allez être reçus par Xavier Bertrand le 15 juin. Qu’allez-vous dire au ministre ?

Rappelons d’abord que nous l’avons vu une première fois le 20 décembre, que nous lui avions à cette occasion exposé tous ces éléments qui nous paraissent à reprendre dans la loi HPST, ainsi que des questions statutaires. Xavier Bertrand s’était montré très attentif à nos demandes et s’était engagé la main sur le cœur à nous donner des réponses dans un délai… d’un mois. Pour nous, les choses n’ont pas bougé, l’addition s’est même encore alourdie.

Pensez-vous que le sujet de l’avenir de l’hôpital public va figurer en bonne place dans la campagne de la présidentielle ?

Nous allons faire le maximum pour que cela soit le cas. Il me semble toutefois avoir entendu Nicolas Sarkozy indiquer que le problème de l’hôpital public était réglé… Je crains que si les professionnels ne sont pas très bruyants, offensifs et rassemblés, on ait du mal à mettre ce sujet au cœur de la campagne.

 PROPOS RECUEILLIS PAR KARINE PIGANEAU

Source : Le Quotidien du Médecin: 8970