Quand la Sécu veut rapprocher l'hôpital de la ville

Prado, une extension progressive du service, mais toujours pas d'évaluation

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Publié le 22/10/2018
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Depuis son lancement en 2010 par l'Assurance maladie, le service PRADO (Programme de retour à domicile des patients hospitalisés) ne cesse de prendre du galon. Destiné à anticiper les besoins des patients lors de leur retour à domicile, le service, d'abord mis en place pour les sorties de maternité, a été peu à peu étendu : aux sorties d'hospitalisation après une chirurgie orthopédique en 2012, puis à toutes les chirurgies en 2016, à l'insuffisance cardiaque en 2013 et aux BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive) en 2015. En 2017, le dispositif s'est ouvert aux suites d'hospitalisations pour accident vasculaire cérébral (AVC) et aux personnes âgées de 75 ans et plus quel que soit le motif de leur hospitalisation. Un développement rapide qui en dit long sur les attentes des promoteurs du dispositif.

Fluidifier le parcours hôpital-ville

L'objectif ? « Améliorer la prise en charge en post-hospitalisation, réduire le délai d’intervention des professionnels libéraux, réduire aussi la durée moyenne de séjour ainsi que le recours aux établissements de soins de suite et de réadaptation et réduire le nombre de réhospitalisations à court et moyen termes », explique l’Assurance maladie. En 2017, près de 500 000 patients ont bénéficié de ce service qui participe à fluidifier le parcours hôpital-ville.

Concrètement, un conseiller de l’Assurance maladie (CAM) s’occupe de prendre rendez-vous pour le patient avec les professionnels de santé qui le prendront en charge à son retour au domicile. Coordonné par le médecin traitant et associant les infirmières, les masseurs-kinésithérapeutes et des médecins spécialistes (cardiologues, pneumologues…), le dispositif PRADO facilite par ailleurs la mise en place des aides sociales jugées nécessaires, comme le portage de repas à domicile ou la visite d'une aide ménagère.

Pour l'heure, aucune évaluation du dispositif n'a été publiée. Pour Caroline de Pauw, sociologue, directrice de l'URPS Hauts-de-France et chercheuse associée au Centre lillois d'études et de recherches sociologiques, « comme pour tout dispositif qui amène des changements de pratiques, il faut laisser le temps aux acteurs de l'intégrer et surtout permettre leur adaptation aux contraintes locales ». Reste que, selon elle, « quel que soit le dispositif, le parcours se déroule mieux, est plus fluide et apporte de meilleurs bénéfices quand il est anticipé et associe l'ensemble des professionnels de santé impliqués ».

Ce type d'approche en faveur d'une prise en charge élargie de l'hospitalisation a d'ailleurs été formalisée dans le cadre du programme de récupération améliorée après chirurgie (RAAC), répandu dans les pays nordiques. Intervenant plus amont que le service PRADO, ce programme permet de réduire la durée du séjour et le risque de réhospitalisation, et ainsi le coût de la prise en charge.

Elsa Bellanger

Source : Le Quotidien du médecin: 9696