L'anesthésiste Frédéric Péchier, qui ne cesse de clamer son innocence, a été mis en examen mercredi à Besançon pour de nouveaux soupçons d'empoisonnement de patients, soit désormais 31 cas au total, a annoncé l'un de ses avocats. « Il a été mis en examen pour sept » des huit nouveaux cas pour lesquels il a été entendu par la juge mercredi matin, « et pour le dernier, il a été placé en qualité de témoin assisté », a indiqué Randall Schwerdorffer à l'issue de l'audition de son client qui a gardé le silence devant la magistrate. La défense va contester ces nouvelles mises en examen, a-t-il ajouté.
Le Dr Péchier est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de patients entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.
Libre sous contrôle judiciaire, il est arrivé peu avant 09 heures mercredi avec l'un de ses avocats, Randall Schwerdorffer. Barbe poivre et sel, visage fermé, il s'est engouffré dans le tribunal sans aucun commentaire. Il a été entendu par la juge Marjolaine Poinsard, chargée de ce dossier d'instruction ouvert en 2017, à propos de ces huit nouveaux cas d'empoisonnement de patients, dont quatre mortels.
Le Dr Péchier était déjà mis en examen pour 24 cas, dont neuf mortels. Au total, les enquêteurs le soupçonnent donc de 32 empoisonnements de patients, dont 13 sont décédés. Il entamait aujourd'hui devant la juge une longue série d'auditions qui doivent s'échelonner courant mars. Six autres journées d'auditions récapitulatives suivront afin d'aborder l'ensemble des cas.
Garder le silence
Me Schwerdorffer avait évoqué il y a quelques jours dans le Journal du Dimanche la possibilité que son client garde le silence, une « option » pas encore « arrêtée », avait-il toutefois expliqué mardi à l'AFP.
Le Dr Péchier, qui vit dans la Vienne, a vu son contrôle judiciaire récemment allégé et peut désormais revenir dans le Doubs voir sa famille. Il avait fait en septembre 2021 une tentative de suicide et avait été hospitalisé plusieurs semaines. Il est toujours « abattu » et « a vécu comme un acharnement la dernière ordonnance de la juge qui lui interdit d'exercer la médecine », alors qu'une précédente décision ne lui interdisait que la pratique de l'anesthésie et de la réanimation. La défense a fait appel de cette interdiction, selon Me Schwerdorffer.
L'affaire avait débuté lorsqu'une anesthésiste de la Clinique Saint-Vincent de Besançon avait donné l'alerte après trois arrêts cardiaques inexpliqués de ses patients en pleine opération. Les poches de perfusion avaient été saisies et des analyses avaient révélé des doses de potassium 100 fois supérieures à la normale, rappelle le procureur. En janvier 2017, une information judiciaire avait été ouverte et en mars de la même année, Frédéric Péchier, qui exerçait dans cette clinique, avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire pour sept premiers cas d'empoisonnements présumés de patients.
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