Calcul des retraites : le Syndicat des hospitalo-universitaires prêt à faire grève s'il n'est pas entendu, APH également en alerte

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Publié le 10/10/2023
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Guillaume Captier, président du Syndicat des hospitalo-universitaires (SHU)

Guillaume Captier, président du Syndicat des hospitalo-universitaires (SHU)
Crédit photo : DR

Les praticiens hospitalo-universitaires (HU) ont le moral dans les chaussettes mais ils se montrent déterminés, cette fois, à se faire entendre sur le calcul des pensions de retraite.

L’attractivité est en berne depuis des années. En témoigne le nombre de postes vacants dès l’entrée dans l’exercice hospitalo-universitaire, avec près de 15 % des postes de chefs de clinique et d’assistants hospitalo-universitaires non pourvus.

Pire, on assiste à un nombre croissant de départs du statut d’HU vers d’autres modes d’exercice, soit par démission, soit par mise en disponibilité, alerte le rapport de la Pr Catherine Uzan, jamais publié. « C'était déjà un signe peu encourageant. C'est comme si le rapport n'existait pas », grince le Pr Guillaume Captier, président du Syndicat des hospitalo-universitaires (SHU). Il pointe la « charge disproportionnée du temps de travail, onze demi-journées hebdomadaires, sans compensation additionnelle, qui ne cesse d’augmenter avec la hausse du nombre d’étudiants des filières santé ».

Désaffection

Les HU ont un statut très particulier, à la fois fonctionnaires titulaires de l’État au titre de l’activité universitaire et agents publics au titre de leur activité hospitalière. Las, cette dernière part n’est pas couverte au niveau des droits pour leur retraite. Le calcul ne tient toujours pas compte des émoluments hospitaliers, une situation très pénalisante.  Résultat, « les taux de remplacement d’une retraite HU sont estimés à 29,6 % du dernier salaire, un niveau très inférieur à celui par exemple constaté chez les praticiens hospitaliers (PH) estimé à 44 % », explique la Pr Catherine Uzan.

Le SHU revendique l'intégration des émoluments hospitaliers dans le calcul de la pension de retraite de l’État, seule proposition jugée « acceptable ». Il souhaite aussi intégrer les trimestres cotisés en tant que contractuels en début de carrière (avantage supprimé en 2015).  

Cour de justice européenne

Preuve de sa détermination, le syndicat a lancé une action auprès du Conseil d’État pour abroger l’article du décret de décembre 2021 qui exclut les émoluments hospitaliers du calcul de pension de la retraite des HU. Le SHU est d’autant plus inquiet qu’à ce jour aucun arbitrage ni calendrier ne sont proposés. Selon le Pr Guillaume Captier, « il y aurait une annonce des ministres au cours des prochaines assises hospitalo-universitaires des 14 et 15 décembre ».

S'il n'obtient pas gain de cause auprès du Conseil d'État, le SHU est prêt à porter l'affaire devant la Cour de justice européenne. Et les hospitalo-universitaires, fait unique, vont jusqu'à brandir la menace d'une grève historique, déjà envisagée pour mai 2024. « Nous n'avons jamais lancé de mouvement, c'est inédit », met en garde le Pr Captier, qui espère, cette fois, être entendu.

APH rencontre Rousseau le 16 octobre

L'intersyndicale Action Praticiens Hôpital (APH) qui vient de publier le rapport Uzan sur son site, partage les revendications du SHU sur l'intégration des émoluments hospitaliers dans le calcul de la retraite. Le syndicat abordera ce sujet de la retraite des HU lors de sa rencontre avec Aurélien Rousseau, le 16 octobre. APH insiste lui aussi sur le manque d'attractivité des carrières HU, pointant les carences sociales majeures. L'intersyndicale brandit également la menace d'une grève sans en préciser les contours ni la date.


Source : lequotidiendumedecin.fr