Évolution des carrières des PH : le ministère planche sur trois hypothèses sans tenir compte de la perte des 4 ans d'ancienneté

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Publié le 25/04/2023
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Crédit photo : S. Toubon

Dans le cadre des concertations sur l’attractivité des carrières médicales à l'hôpital public avec les organisations syndicales de PH, la direction générale de l'offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé planche actuellement sur l’une des quatre thématiques censées « répondre aux enjeux d’attractivité et de fidélisation des praticiens » à savoir les conditions d’évolution des carrières. Dans cette optique, elle souhaite modifier la grille des médecins hospitaliers pour « pouvoir opérer un nouveau reclassement », précise un document de travail que « Le Quotidien » s’est procuré.

Pour ce faire, le ministère vient de mettre trois hypothèses sur la table. Or, « en l’état, aucune d’entre elles ne permettra à l’ensemble des PH nommés avant octobre 2020 de récupérer la totalité de l’ancienneté perdue du fait du Ségur », considère le syndicat Jeunes Médecins qui vient de publier les trois hypothèses sur son compte Twitter.

La première propose d’opérer un nouveau reclassement dans la grille « à partir d’une réduction de la durée des premiers échelons (1 à 3) ». Les gains d’ancienneté se concentraient sur les échelons de milieu de grille (4 à 8). La deuxième hypothèse propose de supprimer un échelon en bas de grille (4e échelon) et d’opérer un reclassement pour tous les PH des échelons supérieurs. La troisième suggère de réduire la durée de certains échelons en haut de la grille, pour « accélérer l’atteinte de l’échelon sommital ».

Contacté par « Le Quotidien », le président de Jeunes Médecins, le Dr Emanuel Loeb, regrette les « prérequis » de ces trois hypothèses : « le ministère considère qu’il ne peut pas faire de rattrapage spécifique pour les PH nommés avant octobre 2020 » qui ont perdu quatre ans d’ancienneté en raison de la suppression des trois premiers échelons de la grille. La DGOS s’appuie en effet sur une décision récente du Conseil d’État qui a estimé que l’avancement de carrière réservée aux seuls praticiens nouvellement nommés ne constituait pas de rupture d’égalité entre les praticiens hospitaliers.

« On ne corrige pas une injustice par une autre injustice »

L’Avenue Duquesne en déduit qu’il est impossible « d’opérer une distinction entre les PH présents dans le corps avant le 1er octobre 2020 et les PH entrés dans le corps depuis le 1er octobre 2020 (tous les PH classés dans un même échelon, quelle que soit leur ancienneté, sont placés dans une situation identique) ». Raison pour laquelle les hypothèses présentées par le ministère ne feront pas de distinction.

La DGOS met en avant l’argument juridique qu'il ne serait pas possible de «  mettre en place une mesure de reclassement qui s’appliquerait uniquement à une partie du corps des PH », explique le Dr Loeb. Cela signifie que les concertations « ne prennent pas en compte les quatre ans ancienneté perdues », poursuit le médecin. Un parti pris juridique que Jeunes Médecins conteste car « on ne corrige pas une injustice par une autre injustice », assène le psychiatre parisien. Raison pour laquelle il a demandé à la DGOS d’organiser une réunion avec les services juridiques de son syndicat, avant même de démarrer les concertations sur le sujet.

En attendant, Jeunes Médecins a mis en ligne lundi un sondage sur Twitter pour recueillir l’avis des PH. Neuf heures plus tard, les résultats étaient sans appel : 70 % des répondants rejetaient les trois hypothèses de travail.

À l’image du Dr David Girard qui estime que « le problème n’est pas compris » par le ministère qui « remet encore de l’iniquité ».

Quant au Dr Loeb, il a proposé au ministère « une revalorisation immédiate de 1 000 euros pour tous les PH ». Selon lui, « la situation est tellement catastrophique que l’on n’a plus le choix. Si on ne revalorise pas massivement la carrière de tous PH, il n’y a aucune raison qu’ils restent à l’hôpital ».


Source : lequotidiendumedecin.fr