Tensions de recrutements dans les métiers de l'hôpital : la faiblesse de l'évolution des salaires en cause

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Publié le 24/03/2023
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Crédit photo : S.Toubon

Le diagnostic n'est pas nouveau mais un second avis extérieur est toujours intéressant. Le cabinet de conseil en ressources humaines KYU a rendu public jeudi son « baromètre des tensions au recrutement » dans le domaine de la santé humaine et de l'hébergement médicalisé. Alors que la Fédération hospitalière de France (FHF) compte 15 000 postes de praticiens hospitaliers vacants et autant d'infirmières, ce coup de sonde qui s'appuie sur les données du ministère du Travail et l'analyse des offres d'emploi publiées, confirme que les tensions au recrutement sont plus fortes dans le secteur de la santé qu'ailleurs.

Entre 2019 et 2020, alors que ces tensions s’étaient plutôt affaiblies dans la plupart des secteurs de l'économie française, elles se sont intensifiées dans le secteur de la santé et ont connu un pic en 2021. Elles étaient alors 1,5 fois plus fortes que dans le reste de l'économie. « Elles proviennent essentiellement de facteurs structurels, analyse le cabinet KYU. Alors que les besoins de recrutement ont augmenté, le manque de main-d’œuvre et la faible attractivité des postes complexifient les recrutements. »

Conditions de travail contraignantes

Selon le cabinet, la crise sanitaire a rendu « particulièrement visibles » les conditions de travail contraignantes à l'hôpital et dans les Ehpad : contraintes physiques, intensification du travail, pression temporelle, glissement de tâches, manque de reconnaissance… Et en même temps, les besoins de recrutement ont bondi : les offres d'emploi dans le secteur de la santé ont augmenté de 139 % entre mai 2021 et juillet 2022 vs 49 % tous secteurs confondus. Les infirmières, les sages-femmes et les ambulanciers font partie des métiers pour lesquels les besoins en recrutement sont les plus marqués.

Problème : les rémunérations ne suivent pas. « Depuis la fin de l'année 2019, l'évolution des salaires dans le secteur de la santé humaine et de l'hébergement médicalisé est plus faible que la moyenne enregistrée tous secteurs confondus », souligne KYU. Alors que l'indice des salaires global a progressé de 10,8 % entre juin 2017 et septembre 2022, celui de la santé n'a augmenté que de 9,8 %. Pour les salariés cadres dans le secteur de la santé, l'augmentation des rémunérations n'a été que de 7,8 % sur la même période.

Un écart qui s'est particulièrement creusé entre mars et septembre 2022, une période où une partie des salariés français a bénéficié d'augmentations pour compenser la flambée de l'inflation.

Les régions où l'augmentation des besoins de recrutement dans le domaine de la santé est la plus forte sont l'Île-de-France, l'Auvergne-Rhône-Alpes, la région Paca et la Nouvelle-Aquitaine.


Source : lequotidiendumedecin.fr