Publié fin avril, un « palmarès des médecins experts » fait la Une du « Point » qui met en lumière 1 000 praticiens dans 14 disciplines médicales et chirugicales en France – de la cardiologie à l’ophtalmologie, en passant par l’urologie ou la dermatologie – classement réalisé sur la base de plus de 30 000 publications scientifiques, précise l'hebdomadaire. Objectif assumé : permettre aux Français de « se repérer dans un système de soins inégal et obscur », ambitionne le journal qui espère aiguiller les patients en quête des « meilleurs spécialistes ».
Les noms de ces médecins experts « ne seront plus réservés à une poignée de privilégiés, habitués à se les échanger sous le manteau », affirme « Le Point » qui déplore « une chape de plomb » sur les données du système de santé. Le journal rappelle que son dernier palmarès des hôpitaux a été censuré par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).
Bases de sonnées et algorithme maison
C’est donc en partie pour réagir à cette « censure » – et pour doper ses ventes – que le journal met à l’honneur les médecins dont « les publications scientifiques ont le plus de valeur ». « Le Point » précise qu’il s’agit d’experts « établis dans leur champ scientifique et dont l’opinion est souvent recherchée, par exemple dans un deuxième avis ».
Le journal se targue d'avoir passé au crible plus de 30 000 publications scientifiques et d'avoir confronté deux bases de données : celle de professionnels de santé éditée par l’Agence du numérique en santé et celle de PubMed, qui regroupe les 35 millions d’études biomédicales publiées dans le monde. « Le Point » a aussi tenu compte du « H-index », un indice de notoriété basé sur la productivité et les citations des travaux des médecins depuis le début de leur carrière.
Enfin, le journal s’est appuyé sur un algorithme « maison » qui s’inspire de « la méthode développée par les services du ministère de la Santé pour accorder les crédits de recherche aux établissements en fonction de leur production scientifique ».
Lauréats en cardiologie et ophtalmologie
Le bilan ? Les 100 cardiologues mis à l’honneur seraient « les médecins les plus prolifiques » parmi les 14 disciplines analysées. Figure en tête de ce classement, le Pr Philippe Gabriel Steg. Spécialisé en cardiologie interventionnelle, il exerce à l’hôpital Bichat (Paris) et est l’auteur de 343 publications scientifiques de 2016 à 2020. Le médecin obtient le score de 153 dans la colonne « notoriété de l’auteur » (H-index). Il est suivi par le Pr Gilles Montalescot (Pitié-Salpêtrière). Auteur de 165 publications, il bénéficie d’une notoriété de 106 points…
En ophtalmologie cette fois, le Pr Éric Souied, qui exerce au CH intercommunal de Créteil (Val-de-Marne) est l’auteur de 160 publications et bénéficie d’une notoriété de 63 points. Spécialisé dans la rétine, il est suivi par le Pr Christophe Baudoin (Quinze-Vingts, Paris), spécialiste du glaucome et de la cornée, auteur de 144 publications.
« Pas le palmarès du meilleur docteur »
Le journal souligne que cette enquête a été réalisée sans le concours de l’Ordre, « opposé à toute comparaison des médecins entre eux ». Mais ce classement – comme souvent – ne manque pas de faire des vagues. Action praticiens hôpital (APH) précise que ce « n’est pas le palmarès du meilleur docteur, mais celui du meilleur publicateur dans les revues scientifiques ». Il n’aurait donc « rien à voir avec la qualité des soins donnés aux patients », recadre l’intersyndicale, qui précise que la bonne médecine « n’est pas une affaire de capacité à être co-auteur de publication ».
Pour APH, la qualité est avant tout « une affaire de compétence médicale, de connaissance scientifique, de relation humaine, de travail en équipe et en réseau ». Mais aussi une affaire de pertinence des soins pour proposer le juste soin « au bon moment ». « Les lauréats de la bonne médecine sont des milliers. Ils ne demandent pas de publicité dans un magazine grand public », ajoute le syndicat. In fine, APH accuse « Le Point » de « profiter de la misère du système de santé et des difficultés croissantes de l’accès au soin pour appâter le chaland ».
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