Éditorial

Chaud devant !

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Publié le 04/06/2018
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C’est un de ces dossiers chausse-trapes qui pourrait faire déraper même les ministres les plus aguerris. Les urgences sont le cauchemar des décideurs, et aussi la patate chaude qu’on se refile. Mais cette fois, le gouvernement d’Edouard Philippe ne pourra sans doute pas attendre. Lyon, Paris, Tours, Rochefort, Toulon, Melun Trévenans… Depuis des mois, des grèves à répétition secouent le secteur. Et de retentissantes affaires –dont le dramatique et si médiatisé décès de Strasbourg - ont achevé d’alerter l’opinion sur un mal beaucoup plus profond que perçu jusque-là par le citoyen lambda. Les premières décisions pourraient intervenir dès l’été, tous les regards se tournant désormais vers le président de la République lui-même qui doit annoncer ce mois-ci des pistes de réforme pour l’hôpital.

Le temps presse. Car l’accès aux urgences est un catalyseur des angoisses existentielles de la population. François Hollande l’avait parfaitement compris en faisant de la proximité de celles-ci un engagement présidentiel. Le secteur –dont l’affluence a triplé en moins de 25 ans- est aussi un révélateur des défauts de l’ensemble du système. Cloisonnement, consumérisme, pénurie de talents, désorganisation de l'aval, violences… Sa refonte est enfin, à tort ou à raison, présentée comme une condition sine qua non de la réforme de la totalité du système de soins. Et de ce point de vue, le débat ne fait que commencer, puisque sont visés tout à trac, le sous-investissement des médecins libéraux dans la permanence de soins, l’insuffisance des services de régulation téléphonique, le défaut de coordination entre acteurs de santé, et jusqu’aux effets pervers des règles de tarification à l’hôpital… Voilà qui promet des discussions animées cet été.

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9670