Effectuer obligatoirement un remplacement pendant six mois dans une zone sous-dense (ou avoir été salarié d'un médecin libéral dans un secteur fragile) avant de pouvoir être conventionné : votée vendredi dernier par les sénateurs contre l'avis du gouvernement, cette mesure de conventionnement sélectif introduite dans le projet de loi de financement de la Sécu (PLFSS 2022) a sans surprise ulcéré les principaux concernés – étudiants, internes et jeunes médecins remplaçants.
Comme un seul homme, l'ensemble des syndicats d'étudiants, internes et jeunes médecins* s'opposent « fermement » à ce conventionnement sélectif, une mesure « démagogique et contre-productive », prise « sans concertation ».
Le conventionnement sélectif s'inscrit « dans la droite lignée des politiques hors sol menées depuis plusieurs décennies » pour lutter contre les déserts médicaux, recadre la nouvelle génération médicale. « Contraindre les jeunes médecins à exercer dans un territoire pendant six mois n’est qu’une réponse palliative à des problématiques complexes négligées par les pouvoirs publics, et dénote une profonde méconnaissance des difficultés des jeunes professionnels » pointent-elles encore.
Bon courage à @ISNARIMG, @ANEMF et @ReAGJIR pour enfin faire comprendre aux #sénateurs que NON la #coercition n’est pas une solution!
— GAUDY Romain (@Romain_Gaudy) November 13, 2021
J’espère que les #députés seront plus cortiqués.. #plfss2022 #amendement1063 #coercition
Des jeunes professionnels « dégoûtés »
La coercition ne présente que des désavantages, martèlent une nouvelle fois les structures jeunes, habituées à ces offensives des élus. « Choisir la coercition, c’est offrir aux habitants les soins de jeunes professionnels présents contre leur gré, dégoûtés avant l’heure de l’exercice libéral (...) C’est pousser nos futurs médecins dans les pays voisins (...) c’est choisir d’assumer la lourde responsabilité d’une fracture sociale au sein même du système de santé. C’est livrer certains patients à des tarifs de soins déconventionnés sans autre offre de santé. C’est choisir d’en condamner d’autres à un roulement perpétuel de médecins, délétère pour la qualité de leur suivi », énumèrent-ils.
Les juniors font valoir qu'ils sont « force de propositions » depuis des années pour résoudre ces problématiques de démographie : libération de temps médical, formation de qualité, politique incitative pour aider à l'installation – comme le contrat unique de début d'exercice, bien accueilli – ou encore valorisation des territoires… « Ces solutions commencent déjà à montrer leurs effets », assurent-ils.
Refuser la facilité
« Les solutions aux problèmes d’accès aux soins doivent se construire ensemble, en associant médecins et patients, politiques et acteurs de la santé, concluent les jeunes. Nous refusons d’être contraints par des mesures inadaptées qui ont déjà prouvé leur inefficacité dans d’autres pays et sur d’autres professions de santé ». Ils exhortent tous les élus à « ne pas céder aux solutions de facilité ». Un message clair aux députés qui examineront à nouveau, à leur tour, le budget de la Sécurité sociale et ne manqueront pas de revenir sur le conventionnement sélectif.
* L’Association nationale des étudiants en médecine de France (Anemf), l’InterSyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), l’InterSyndicale nationale des internes (Isni) et le Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR).
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