La réforme du 3e cycle des études médicales modifie en profondeur l’organisation de l’internat. Cinq grands axes se dégagent :
- l’internat est divisé en 3 phases (socle, approfondissement et phase « d’assistant spécialiste de troisième cycle ») ;
- la réforme impose un contrat de formation et un portfolio personnalisé ;
- chaque spécialité doit établir une liste des connaissances et compétences à acquérir ;
- des champs de compétences peuvent être ajoutés, sous forme d’option ou de formation spécialisée transversale (FST) permettant d’acquérir une compétence « professionnalisante ». Ces FST seront contingentées (numerus clausus) ;
- la réforme impose une évaluation formalisée des internes.
La maquette de néphrologie à venir est prédéfinie comme suit :
- une phase socle de 2 semestres, un dans un service de néphrologie de CHU (sauf exception) et un semestre libre ou réalisé en réanimation médicale (seul stage obligatoire en dehors des stages de néphrologie).
- une phase d’approfondissement (4 semestres), avec 2 stages de néphrologie imposés, l’un avec formation à l’hémodialyse, l’autre avec initiation à la transplantation. Les autres stages sont libres (incluant le stage de réanimation s'il n’a pas été fait pendant la phase socle). Au terme de cette phase, le statut d’interne prend fin et la thèse de médecine doit être soutenue.
- la troisième phase est dite phase « d’assistant spécialiste du troisième cycle » (2 semestres). Le statut précis et le salaire sont encore en discussion. L’interne peut assurer seul des consultations et des gardes.
Des points forts
Cette réforme a des points forts indiscutables : formation homogène sur le territoire, formalisation d’une évaluation jusque-là peu pratiquée, aspect progressif de la formation, possibilité de prise de responsabilités au cours de la troisième phase. L’accent est mis sur la formation, chaque interne ayant 2 demi-journées hebdomadaires dédiées à la formation tout au long du cursus. En néphrologie, la mise en place d’une formation structurée n’est pas une nouveauté. Le Collège Universitaire des Enseignants de Néphrologie (CUEN) assure depuis 20 ans un enseignement régional et national pour les internes. De plus, la néphrologie dispose d’un site internet donnant accès aux cours dispensés lors des séminaires nationaux. Un des points forts de la réforme porte sur l’évaluation, et nous jugeons très positive la création du portfolio.
Une durée de formation raccourcie
Toutefois, la perspective de cette réforme est source de grandes inquiétudes parmi les enseignants de néphrologie, et, depuis peu, parmi les internes. La durée de la formation est significativement raccourcie. Actuellement, le cursus recommandé pour une qualification professionnelle de qualité est de 4 ans d’internat et 2 ans de post-internat, soit un schéma « 4+2 ». Dans la réforme le schéma qui nous a été imposé est un schéma "3+1" : 3 ans d’internat et 1 an d’assistant spécialiste du 3e cycle. La possibilité de post-internat est théoriquement maintenue mais peut être avec un certain degré de redéploiement des postes entre les spécialités…
Le CUEN et la sous-section du CNU de Néphrologie ont fait savoir que ce temps de formation était insuffisant pour maîtriser les différents domaines de la spécialité. À titre d’exemple, l’activité de transplantation rénale nécessite une expertise en néphrologie, immunologie, anatomie pathologique, pathologie infectieuse, qui ne peut être acquise en un temps très court. De même, l’activité de dialyse ne peut être maîtrisée en quelques mois. De plus, la majorité des néphrologues ont une activité diversifiée, comportant dialyse et transplantation, du fait du nombre croissant de patients transplantés dont le suivi exclusif en CHU n’est plus réalisable.
Dans l’esprit de la réforme, le troisième cycle doit prodiguer une formation professionnalisante, donnant, au terme de quatre ans, la pleine capacité d’exercice du métier. Nous affirmons que la durée du DES de néphrologie telle qu’elle est envisagée, ne permettra pas d’atteindre cet objectif.
L’inquiétude exprimée ici est celle ressentie par l’ensemble de la communauté néphrologique.
(1) Présidente du CUEN
(2) Coordonnateur du DES de néphrologie d’île de France.
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