Se glisser dans la peau d'un anapath le temps d'un jeu

Les carabins de l'université Bourgogne-Franche-Comté peuvent désormais approfondir leurs cours magistraux d'anatomie pathologique grâce à un serious game.

Depuis septembre, l'université propose aux étudiants en médecine (en partenariat avec le CHU de Besançon) Discovering pathology, un serious game à utiliser comme un support pédagogique en plus de cours magistraux. L'objectif : mieux connaître cette spécialité médicale « mal connue » par les étudiants, explique le Dr Anthony Jacquier, pathologiste à l'Hôpital Nord Franche-Comté et l'un des porteurs du projet. Cette discipline est pourtant riche et surtout indispensable au diagnostic de pathologies auto-immunes, vasculaires, infectieuses ou encore en cancérologie. « Elle est dynamique et centrale dans la prise en charge des patients et dans la communication et coordination avec les autres praticiens. Des terrains de stage existent mais ils ne sont pas en quantité suffisante pour accueillir tous les étudiants », complète le jeune homme.

L'idée est venue du Pr Séverine Valmary-Degano, pathologiste au CHU de Grenoble qui enseignait à la fac de Besançon en 2016. « Je donnais 20 heures de cours aux 2^e et 3^e années de médecine pour expliquer le fonctionnement du labo, les techniques, et les types de lésions tumorales bénignes, précancéreuses et cancéreuses, explique-t-elle au « Quotidien ». J'accueillais des externes en stage, et je me suis rendu compte que les cours théoriques n'étaient pas suffisants. L'un des étudiants m'a expliqué qu'ils étaient trop abstraits et que la matière était plus facile une fois immergé. » Le projet de serious game était né.

Analyse de lames réelles numérisées

Trois années de travail avec des ingénieurs pédagogiques et des informaticiens ont été nécessaires à l'élaboration du jeu.

Discovering pathology propose 8 cas scénarisés, tous issus de la vie réelle. L'étudiant se glisse dans la peau d'un anapath. Les pathologies présentées couvrent le programme de 2^e et 3^e années (pathologies tumorales et inflammatoires). L'étudiant visite par exemple les six salles du laboratoire (réception, cytologie, macroscopie, technique, biologie moléculaire, bureau médical/salle de lecture) ou suit le cheminement d'un prélèvement cytologique ou tissulaire (biopsie) jusqu'à sa mise en lame colorée. Cette étape permet d'aborder les techniques d'immunohistochimie.

En montant en grade, le joueur assume la prise en charge des examens tissulaires ou cytologiques. L'étudiant analyse des images macroscopiques provenant de lames réelles numérisées et peut les comparer à tout moment avec des tissus sains. Il rédige ensuite la conclusion du compte rendu.

À terme, le Pr Valmary-Degano souhaite ouvrir le serious game aux internes de phase socle du DES d'anatomie et cytologie pathologiques en guise de rappel de connaissances.