L’enquête sur le temps de travail des internes ? « Une mascarade » pour l’ISNI

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Publié le 13/08/2021

Crédit photo : PHANIE

Au cœur de l’été, le ministère de la Santé a lancé une grande enquête pour évaluer le temps de travail des internes en médecine. Un engagement qu’avait pris Olivier Véran en mai dernier, face à la grogne et au mal-être des futurs médecins, soumis à des cadences de travail parfois infernales. Mis en ligne le 26 juillet, le questionnaire de sept pages adressé aux étudiants de troisième cycle, n’a pas fait le bonheur de l’InterSyndicale nationale des internes (ISNI). Dans un communiqué, le syndicat dénonce une enquête « inutile et bâclée ».

Depuis plusieurs mois, l’ISNI exhorte Olivier Véran à mettre en place un décompte horaire du temps de travail des internes, car « au-delà du coup moral et humain pour ceux qui vivent ces rythmes effrénés. C'est un enjeu de santé des soignants et de sécurité des patients ».

« Si l’intention peut paraître en apparence aller dans le bon sens, elle s’arrête effectivement aux apparences », tacle le syndicat qui dénonce une « énième » enquête, dont les résultats seraient courus d’avance. « Cette enquête est une aberration sur le fond car le constat est connu de toutes et tous : une moyenne du temps de travail en stage largement dépassée de 58 heures par semaine », rappelle ainsi l’ISNI, sur la base d’études réalisées par le syndicat auprès des internes depuis une dizaine d’années.

Des résultats biaisés ?

Deuxième critique : la nature même des questions posées dans le sondage diligenté par la Direction générale de l’offre de soins (DGOS). « Cette enquête est une mascarade sur la forme car incomplète, aux biais nombreux, effectuée sur la période estivale et donc la plus creuse de l’année de par les congés », affirme l’ISNI. Comme nous le détaillions fin juillet, le ministère prend effectivement le parti de proposer aux répondants un décompte de leur temps de travail en demi-journées. Point d’achoppement justement entre les autorités et les syndicats d’internes, qui réclament la fin du décompte en demi-journées - trop floues, trop inégalitaires entre les services – pour passer vers une mesure heure par heure. « Le ministère, dans ses écritures, tord la réalité et s’abrite derrière cette notion de demi-journée pour décompter notre temps de travail évitant ainsi la limite légale de 48 heures de travail hebdomadaire maximum », s’insurge l’ISNI.

Le décompte horaire est pourtant interrogé dans le questionnaire, mais avec une borne qui semble bien faible par rapport aux horaires réellement effectués par les internes, la limite maximale proposée dans le sondage étant « plus de 51 heures par semaine ». Loin des 70 ou 80 heures hebdomadaires constatées dans certains services. Le syndicat craint des « résultats biaisés » et accuse Olivier Véran de vouloir « gagner du temps (…) pour ne pas se saisir réellement de l'urgence que sont notre temps de travail et l'épuisement professionnel ».

Le syndicat revient sur sa seule revendication restée « sans réponse de la part du ministère de la Santé » : « l'application de la loi française et de la réglementation européenne de 2015, imposant un maximum de 48 heures de travail hebdomadaire ».


Source : lequotidiendumedecin.fr