Comme les autres, les étudiants en médecine alternent entre des enseignements théoriques et des stages pratiques pour se former à leur futur métier. Ceux qui se destinent à l’exercice de la médecine générale n’échappent pas à cette règle. Leur cursus prévoit en effet des stages en milieu hospitalier et d’autres leur permettant de découvrir la pratique de la médecine ambulatoire auprès de médecins de ville. Et la future 4e année de DES de médecine générale devrait y être consacrée. Ces maîtres de stage des universités (MSU) accueillent dans leur cabinet des étudiants afin de les accompagner au cours de leur formation et leur transmettre leur vision de la médecine de ville.
Toujours plus d’encadrants
Cette activité d’encadrant séduit de plus en plus de médecins généralistes « sur à peu près tout le territoire », précise Marc Bayen, médecin généraliste et président du Collège national des généralistes enseignants – Formation (CNGE-formation). Leur nombre a en effet fortement augmenté passant de 11 805 praticiens agréés en 2019 à 12 941 en 2021. Ce sont avant tout des médecins qui ont à cœur « de transmettre toutes les compétences de la médecine générale aux étudiants », explique le praticien. Cela comprend donc la pratique médicale mais aussi tous les à-côtés comme « la gestion du cabinet, d’un secrétariat, d’un planning, la facturation ou encore la coordination d'un parcours », énumère-t-il.
Devenir maître de stage des universités requiert d’être installé depuis au moins un an et de valider une formation s’inscrivant dans le cadre du développement professionnel continu. Les futurs MSU pourront ainsi acquérir la base des compétences pédagogiques nécessaires à l’encadrement d’un étudiant. Ces éléments permettent l’obtention d’un agrément délivré par le directeur général de l’agence régionale de santé (ARS) du lieu d’exercice. Une mise à jour régulière des connaissances est nécessaire puisque « les maîtres de stage signent une charte dans laquelle ils s’engagent à suivre des formations pédagogiques régulières », ajoute Marc Bayen.
Une fois agréés, ces médecins libéraux interviennent dans la formation d’étudiants de différents niveaux. Auprès des externes tout d’abord qui depuis 2009 doivent réaliser un stage en médecine générale leur permettant de découvrir cette spécialité avant les épreuves classantes nationales (ECN). Puis auprès des internes qui, pour obtenir leur DES de médecine générale, doivent réaliser au moins deux stages obligatoires : en première année (phase socle) et en troisième année en autonomie supervisée (SASPAS) lors de la phase d’approfondissement.
Valoriser la pratique médicale
La transmission des connaissances constitue la plus grande motivation des maîtres de stage. Mais au-delà, le statut de MSU valorise la pratique de ces médecins. « Les patients apprécient qu’il y ait des étudiants chez nous », révèle Marc Bayen. Au quotidien, ce rôle de formateur incite aussi les maîtres de stage à se tenir informés des dernières recommandations et des bonnes pratiques. « Des études montrent par exemple que les maîtres de stages prescrivent moins et mieux les antibiotiques que les autres praticiens », relève le docteur Bayen. Les temps d’échange avec les étudiants lors de la révision des dossiers notamment enrichissent aussi bien l’étudiant que son MSU. La maîtrise de stage est aussi un moyen pour les médecins généralistes de lutter contre l’épuisement professionnel car cela leur permet de sortir de la routine et de prendre du recul sur la pratique.
Un MSU s’inscrit aussi dans un réseau de jeunes médecins facilitant ses remplacements voire une association puisque les étudiants connaissent déjà la patientèle. Une autre satisfaction des maîtres de stage « est de voir des jeunes s’installer dans les territoires proches des cabinets où ils ont fait leur stage », constate le président du CNGE-Formation. Une étude publiée en mai 2022 dans la revue Human Resources for Health a montré l’influence de la présence d’un MSU sur la démographie médicale d’un territoire. Les auteurs ont notamment constaté une progression de la densité médicale autour d’une commune où réside un maître de stage par rapport aux autres communes sans médecin généraliste MSU.
Un moyen de lutter contre les déserts médicaux que le ministère de la Santé veut faire monter en puissance. Une instruction ministérielle de mai 2022 demande de recruter 1 000 MSU supplémentaires d’ici à 2024 pour faire face à l’augmentation du nombre d’étudiants en médecine. Un développement positif qui accompagne l’introduction d’une 4e année d’internat dans le DES de médecine générale à la rentrée 2023. « Il va falloir que nous formions des maîtres de stage qui soient en adéquation avec les objectifs pédagogiques de cette 4e année », conclut le Dr Bayen.
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