Avant les ECN, les étudiants en médecine étaient départagés à la suite du concours de l’internat. L’internat a été créé par un décret consulaire du 4 ventôse an XI (10 février 1802), sous Napoléon donc. Il avait pour ambition de permettre une formation de qualité durant 4 années, assurant une présence médicale permanente dans les hôpitaux publics. Il s’agissait d’un système particulièrement élitiste permettant l’accès à des spécialités encore naissantes.
C’est le rapprochement de l’internat hospitalier et de l’université, qui a débuté dans les années cinquante, et a annoncé la mort de l’internat ancienne version. Le nombre de places au premier concours de l’internat était de 24, pour atteindre son pic à 80 places au début du XXe siècle. L’internat a disparu définitivement en 2005 pour laisser place aux ECN : épreuves classantes nationales.
Naissances des ECN
C’est donc en 2005 que la fin des études de médecine est sanctionnée par les ECN. Plusieurs jours d’examen, auxquels doivent se soumettre tous les étudiants en médecine pour pouvoir pratiquer dans l’une des spécialités médicales. Cela impose une innovation, celle de considérer la médecine générale comme une spécialité à part entière. Ainsi, tous les étudiants devront passer ces examens, les futurs généralistes n’en sont donc plus exemptés. Une réforme qui ne se fait pas sans mal. Dès la première session de ces nouvelles épreuves, plus de 1 000 postes de médecins généralistes ne sont pas pourvus. De nombreux étudiants préfèrent redoubler leur année plutôt que de choisir la médecine générale.
Devant le nombre croissant d’étudiants en médecine, il a fallu moderniser ces épreuves, notamment la correction, plus adaptée aux milliers d’étudiants reçus chaque année. Avant la numérisation, les étudiants composaient à l’écrit, en répondant à des dossiers cliniques. Les correcteurs devaient alors s’enfermer toute une semaine à l’abri des regards pour corriger les copies. Avec un risque d’erreur de notation accru par la fatigue.
Modernisation des ECN
En 2016, le CNG (Centre national de gestion) décide de prendre le virage numérique avec un intérêt pratique, mais aussi économique. Les examens se déroulent désormais sur tablettes, plus précisément des Ipads. Cela pose alors plusieurs problèmes. La formulation des questions doit permettre des réponses sous forme de QCM. La docimologie est alors modifiée. Les enseignants craignent alors la baisse dans le niveau de raisonnement des étudiants : « le patient ne se présentera pas devant le médecin avec des cases à cocher », pouvait-on entendre. Ces craintes semblent aujourd’hui infondées.
La difficulté technique est aussi mise à l’épreuve. Le premier test est un échec, les serveurs étant rapidement saturés, plus de 8 000 étudiants se connectant en même temps. Un deuxième test est à nouveau saturé en raison de la fonction surlignage sur les épreuves de lecture critique d’articles. Jusqu’à maintenant, les épreuves officielles se sont déroulées sans problème techniques majeurs.
Scandale des ECNi 2017
En 2017, un véritable séisme s’abat sur les 8 450 étudiants en médecine qui passent les ECNi. Alors que la canicule faisait rage, les étudiants ont dû repasser les épreuves du début de semaine. La raison ? « Il a été signalé au jury que cette épreuve comprenait un dossier très similaire à l’une des épreuves des ECN tests de l’année 2016 », a expliqué le ministère.
Les syndicats d’étudiants ont naturellement dénoncé que le conseil scientifique ne réalise pas la similarité entre des sujets. Les étudiants ont donc subi un jour d’épreuve, parfois très mal vécu, leur faisant subir un énorme stress. Ces ECNis ont donc eu des débuts houleux. Mais les épreuves suivantes se sont déroulées sans accrocs majeurs.
ECN
2023 voit donc officiellement la fin des ECN, pour l’avènement des EDN (Épreuves dématérialisées nationales), qui ne se dérouleront pas en fin d’année scolaire comme ce fut toujours le cas pour les ECN, mais en octobre. Cet été ne sera pas synonyme de détente, mais plutôt de révision intensive pour ces externes.
Ecos
Ces EDN ne compteront que pour 60 % de la note. Les ECOS (Examens cliniques à objectifs structurés) viendront compléter les épreuves à hauteur de 30 %, il s’agit d’un examen oral, devant un acteur censé simuler une pathologie. Mais à quelques mois des évaluations, les modalités d’examen ne sont pas encore connues. Ces ECOS ne manquent d’ailleurs pas de faire polémique, sur le manque d’objectivité des examinateurs et surtout la difficulté d’uniformité à l’échelle nationale. Enfin les 10 % restant correspondent à une note de « parcours », supposée récompenser la réussite à un master ou encore l’investissement associatif, ce qui reste encore bien flou pour les étudiants.
Autre nouveauté, le fait de passer les examens ne permettra pas de valider automatiquement son externat comme ce fut le cas pour les ECN. Il sera nécessaire d’obtenir la note minimale de 14/20 aux connaissances de rang A, c’est-à-dire les connaissances jugées indispensables par les différents collèges de spécialité. Ces connaissances ne sont malheureusement pas encore bien à jour selon les collèges d’enseignant. Le stress des étudiants va crescendo à l’approche de la mise en place de cette réforme souvent mal comprise. Notons que la grande majorité des étudiants ne serait pas « reçue » à l’issue des EDN blancs, plusieurs milliers d’étudiants seraient forcés de redoubler devant une note insuffisante.
Ces réformes successives ont eu du bon, améliorant l’égalité des chances et la gestion technique des examens. Cependant la fin des ECN signe aussi le début d’un stress immense pour les milliers d’étudiants, la réforme n’étant clairement pas au point. Il est triste que la parole des étudiants ne soit pas prise en compte, devant les problèmes qui s’annoncent, il est fort probable que cette énième réforme soit encore modifiée voir abrogée.
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