Courrier des lecteurs

Le président de l'Ordre doit s'expliquer auprès des médecins

Publié le 09/01/2020

Il y a quelques jours de cela, un reportage télévisuel de quelques minutes faisait le point sur les « dérives » observées au sein d’une institution : l’Ordre des médecins. Très rapidement, la presse spécialisée (« le Quotidien du Médecin » notamment) a pris acte de cette critique, et plusieurs articles ont été réalisés pour donner la parole à la fois aux propos des ou du rapporteur(s) de la Cour des Comptes, mais aussi du président de l’Ordre.

Il ne faut pas oublier que de nombreux médecins sont très remontés vis-à-vis de l’Ordre, et qu’il est impératif de redorer l’image de cette institution. Le plus inique, c’est de voir que cette charge très virulente à une heure de grande écoute est la seconde formulée contre cette institution ; la première ayant eu lieu l’année dernière et ayant été relayée par « le Canard enchaîné ».

Ce qui reste très contrariant, c’est de voir que l’on jette en pâture un dysfonctionnement possible d’une institution à la télévision ; cela pour majorer quelque peu l’incompréhension des concitoyens vis-à-vis du corps médical. Il ne faut pas oublier que les Français ne comprennent pas tous (certains confrères également d’ailleurs) le rôle du conseil de l’Ordre, et assimilent cette institution à une organisation de type comité d’entreprise des professionnels de santé. De ce fait, l’image de la profession en ressort très écornée auprès du français moyen.

Aussi, après ces deux épisodes relayés par les médias, il est impératif que le président s’explique, et réfute (si cela est le cas) les propos de la Cour des Comptes. Pour ce faire, le président ne doit pas se contenter des médias pour communiquer avec les médecins, il doit les informer par voie postale ou mail directement !

Il doit expliquer de manière individuelle les raisons qui ont conduit la Cour des Comptes à avoir une telle opinion défavorable sur le fonctionnement. Il lui faudra panser les plaies ouvertes par les journalistes et la Cour des Comptes, poursuivre les éventuels responsables de dérives (si cela est bien entendu le cas), et éventuellement réformer l’Ordre national pour une meilleure lisibilité.

Un sacerdoce

Il ne faut pas oublier que l’Ordre des médecins est une sorte de pyramide avec plusieurs échelons, départemental, régional et national. Au niveau départemental, les conseillers (excepté le président et le secrétaire) ne sont pas payés, et interviennent régulièrement pour aplanir les différents entre collègues, mais aussi favoriser une entre-aide pour les confrères ayant des difficultés professionnelles ou financières. D’autres missions comme la permanence des soins… sont également dévolus aux CDOM.

Travailler au niveau départemental est un réel sacerdoce pour les élus de ce conseil. Il ne faut pas l’oublier que cette participation est une manière de valoriser notre profession qui est souvent battue en brèche par des nombreux concitoyens. Les médecins qui y siègent ont la volonté d’apporter la meilleure approche vis-à-vis de situations parfois très délicates.

Il faut reconnaître que parfois des erreurs peuvent survenir lors de la prise de certaines décisions (cela, même si cette position est collégiale). Cependant, n’arrive-t-il pas aussi à un magistrat de se tromper ?

Très éloigné du fonctionnement de l’institution ordinale, je pense qu’il est nécessaire pour les nombreux confrères de notre pays de demander au CNOM de mieux communiquer, et d’avoir une ligne de conduite exemplaire (si cette ligne n’est pas encore acquise bien entendu). C’est de cette manière que les médecins comprendront mieux le rôle et l’intérêt de l’Ordre des médecins.

« Quelque intégrité que nous ayons, on peut toujours nous classer dans une catégorie de voleurs » Renard J.

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Dr Pierre Frances, Médecin généraliste, Banyuls-sur-mer (66)

Source : Le Quotidien du médecin