Courrier des lecteurs

Le goût amer de la nouvelle convention

Publié le 29/08/2016
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L’été 2016 a été le théâtre d’une représentation en plusieurs actes (qui nous ont tenus en haleine durant près de deux mois) concernant la médecine générale : la Convention.
Cette dernière a été finalement signée par trois syndicats. Néanmoins, l’épilogue de ce vaudeville a laissé un goût amer à de nombreux généralistes pour plusieurs raisons :
1/ Tout d’abord les tergiversations de certains représentants syndicaux qui en un premier temps ont expliqué tout refuser, puis acceptent la revalorisation proposée, et ce même si elle ne sera effective qu’avec le futur gouvernement. Bref, un revirement tout à fait incompréhensible pour un bon nombre de confrères.
2/ Ensuite, les annonces diffusées par les médias télévisuels français qui ont mis en exergue la revalorisation du coût de la consultation à 25 €, et ne se sont pas cachés d’expliquer les conséquences sur les finances publiques de cette nouvelle donne. Il est curieux de voir qu’ils se sont polarisés sur l’augmentation de 25 € qui ne sera effective qu’en mai 2017. Pourquoi n’annoncent-ils également pas la hausse du prix du gaz huit mois avant qu’elle ne soit effective ?
3/ Enfin, la lassitude du corps médical qui au travers de différents sondages réalisés a rejeté massivement la nouvelle convention et pensait que les syndicats ne la signeraient pas, pour plus de 70 % d’entre eux. Derrière ce rejet conventionnel, c’est également la politique de santé du gouvernement qui est mise sur l’échafaud.

Au-delà de cet événement qu’est la nouvelle convention, les généralistes de terrain éprouvent une importante amertume à l’égard : des syndicats signataires (qui n’ont pas tenu compte de leur malaise), des pouvoirs publics (qui les ignorent, et souhaitent qu’ils deviennent des prestataires des hôpitaux), des Français (qui considèrent au travers des informations distillées que leur médecin est un nanti).

Cette nouvelle convention va laisser des cicatrices très difficiles à panser car elle va induire de nombreuses divisions au sein de notre corporation (ce qu’ont toujours souhaité les pouvoirs publics) et va laisser les généralistes désabusés. Quant aux patients, ils vont devoir prendre en compte les revers de cette absence de reconnaissance de professionnels humanistes, mais ayant moins de conviction à ce niveau.
 

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Dr Pierre Francès, Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales)

Source : Le Généraliste: 2765