Le grand écart de rémunération des médecins régulateurs

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Publié le 26/01/2018
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La régulation médicale est, elle aussi, touchée par la baisse des effectifs de la PDS. Entre 2015 et 2016, le nombre de régulateurs libéraux est passé de 2 697 à 2 666 praticiens, selon le dernier rapport de l'Ordre. Si ce chiffre est relativement stable, le Cnom demandait un renforcement de la régulation médicale libérale pour 2017. 

Ces statistiques cachent des disparités, les régulateurs étant débordés dans certains départements. L'association Regu’l 31, qui gère ceux de la Haute-Garonne, a perdu 10 % de son effectif en 2017 et ne compte plus que 82 médecins, selon son vice-président le Dr Philippe Poinot. « Pendant l'épidémie de grippe, nous avons eu des pics à vingt dossiers par heure et par régulateur. La moyenne optimale est de neuf. Plus elle est élevée, plus les médecins se mettent en danger et risquent une erreur de diagnostic. C’est un niveau de stress très important », assure le Dr Poinot. Dans ces conditions, les médecins régulateurs de l'association sont entrés en grève début janvier (elle a été suspendue le 24 janvier, ndlr).

Jusqu'à 45 euros de différence entre les régions

Comme pour les médecins effecteurs, la rémunération des régulateurs varie sensiblement entre les régions (voir le tableau ci-dessous). En Aquitaine – les montants horaires ont été établis avant la dernière réforme territoriale – un médecin régulateur touche 115 euros par heure sur le créneau nuit profonde (minuit – 8 heures) quand un homologue de l’ancienne région Midi-Pyrénées touche 70 euros, soit la même indemnisation qu’en soirée. « Pour le même travail, les mêmes responsabilités et les mêmes difficultés. C’est n’importe quoi », s'indigne le Dr Carole Beltran, présidente de PDSA d’OC, qui gère la permanence des soins en Occitanie.

Pour un tarif national

Dans le Lot-et-Garonne, département de l'ancienne Aquitaine, le président de l’Ordre des médecins départemental, le Dr Michel Durenque, assure avoir pléthore de régulateurs à sa disposition. Certains praticiens se voient même refuser leur participation. Selon lui, ce sont des médecins proches de la retraite désireux de garder un contact avec la médecine. « Je ne pense pas que ce soit pour l'argent », assure-t-il. Un avis partagé par le Dr Jean-Louis Samzun à Lorient : « Il y a un sens du militantisme pour les régulateurs. »

Les Drs Poinot et Beltran réclament une meilleure couverture juridique pour rendre plus attractive la régulation. Bien qu’exerçant dans des enceintes hospitalières, les régulateurs libéraux ne bénéficient pas de la même protection que les médecins hospitaliers. « Ils n’ont pas l’appui du système alors qu’ils sont en service public », déplore le Dr Beltran. Elle réclame donc aussi un tarif national qui « corresponde aux responsabilités prises par les praticiens en régulant »

Le renforcement de la régulation souhaité par l'Ordre passe aussi par la sensibilisation des jeunes à l'exercice. « Ce serait bien qu’il y ait des stages de régulation car les jeunes en ont peur. S’ils étaient formés, je pense qu’ils aimeraient ça », assure le Dr Poinot. « Il faut parler aux jeunes, faire tomber les idées fausses. On espère qu'à terme, ces internes s'installeront et n'auront pas l'appréhension de la régulation », avance le Dr Samzun à Lorient. Dans cette optique, l'ADPS 56, qui chapote la PDS dans le Morbihan, forme une soixantaine d'internes par an.


 

 

Source : Le Généraliste: 2820