Bloqués pour obtenir leur licence de remplacement, des internes demandent le respect de la loi

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Publié le 17/05/2019
Remplaçante

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Depuis quelque temps, certains internes ont de plus en plus de mal à obtenir les papiers nécessaires pour pouvoir faire des remplacements. Les futurs généralistes peuvent théoriquement commencer à remplacer pendant leur internat après trois semestres validés dont le stage de praticien niveau 1.

C’est le Conseil de l’Ordre, au niveau départemental qui délivre les licences de remplacement aux internes. Ces derniers doivent pour l’obtenir présenter une attestation de validation des trois semestres et du stage de niveau 1. Cette attestation est délivrée dans chaque subdivision par les départements de médecine générale et c’est à ce niveau-là qu'auraient lieu des blocages dans certaines régions.

Repousser les débuts du remplacement

En effet, selon plusieurs interlocuteurs, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) ferait pression sur certains DMG pour ne pas délivrer les attestations permettant aux internes d'obtenir leur licence de remplacement. La raison ? Les enseignants voudraient retarder à plus loin au cours de l’internat le moment où les internes peuvent commencer à remplacer. Avec la réforme du 3e cycle, les IMG réalisent désormais souvent le stage de niveau 1 en première année et peuvent donc obtenir leur licence de remplacement à l'issue de trois semestres d'internat. « Nous ne sommes pas opposés à ce qu’il y ait une évaluation pédagogique qui conduise à refuser la possibilité de remplacer à certains car les enseignants estiment que l’interne n’est pas prêt. Mais ici tout le monde est bloqué sans distinction », explique Lucie Garcin, présidente de l’Intersyndicale des internes de médecine générale (Isnar-IMG).

Le président du syndicat des jeunes généralistes et remplaçants, ReAGJIR, le Dr Yannick Schmitt, regrette lui aussi cette course d'obstacles. « Des internes sont illégalement bloqués, ça n’a aucun sens, affirme-t-il. Après les problèmes avec la Carmf l’année dernière, c’est à se demander si on ne fait pas tout pour que les internes ne remplacent plus du tout. »

Le Dr Schmitt souhaiterait une clarification de la situation, d’autant plus que son syndicat penche lui aussi pour un recul dans l’internat du début des remplacements. « C’est un souci de cohérence. Le remplacement peut permettre aux internes de découvrir le monde libéral, mais c’est aujourd’hui aussi la fonction du Saspas (stage en autonomie supervisée). Donc, soit on considère que ce stage est utile et on donne la possibilité de remplacer une fois le Saspas effectué, soit c’est assez hypocrite », estime-t-il. Le Saspas étant souvent effectué en dernière année d’internat, le recul du début du remplacement serait donc inévitable.

Une réunion qui se fait attendre 

Les représentants des internes, s’ils demandent déjà qu’on respecte la loi en vigueur, ne sont eux pas favorables à une modification. « Les internes ne demandent pas la licence de remplacement pour aller exercer six mois, mais souvent pour dépanner ponctuellement d’anciens maîtres de stage, continuer à exercer en libéral, découvrir d’autres terrains ou arrondir aussi un peu leurs fins de mois », souligne Lucie Garcin. « L’Ordre a aussi montré que les internes étaient généralement très prudents et qu’il n’y avait pas plus de sinistralité. Donc à partir du moment où cela dépanne tout le monde et que ça ne pose pas de problème, nous sommes favorables à un maintien en l’état des conditions », ajoute-t-elle. Quoi qu’il en soit, internes comme jeunes médecins de ReAGJIR souhaiteraient que tout le monde se mette autour de la table pour avancer sur ce sujet. Une réunion doit avoir lieu depuis un moment mais « nous n’avons toujours pas de date », confirment les deux syndicats.

En attendant, les internes ont eu rendez-vous avec la Conférence des doyens qui a assuré vouloir faire respecter la réglementation en vigueur et a donc fait passer le mot aux DMG. « Depuis, la situation s’est un peu débloquée dans la plupart des subdivisions », assure Lucie Garcin.


Source : lequotidiendumedecin.fr