Comme les syndicats de libéraux, les ordres départementaux demandent l'extension de la PDS au samedi matin

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Publié le 15/02/2020
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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

Depuis six semaines, plusieurs syndicats de médecins libéraux : CSMF, SML et MG France ont lancé une grève des cabinets médicaux le samedi matin pour réclamer l’extension des horaires de la permanence des soins ambulatoire (PDSA) à cette plage horaire.

À l’occasion de la publication cette semaine de son dernier rapport sur l’état de la PDSA en 2019, le conseil national de l’Ordre des médecins a également sondé les ordres départementaux sur le sujet. Aujourd’hui, l’extension des horaires de la PDSA au samedi matin est déjà en place dans 41 départements pour la régulation et dans six pour l’effection (Indre, Haute-Corse, Var, Charente-Maritime, Mayenne et Moselle). Pour les CDOM où ce n’est pas le cas, une majorité (56 %) s’y dit favorable, 15 % y sont opposés et les autres n’ont pas répondu ou ne se prononcent pas. Les CDOM qui souhaitent cette évolution le justifient notamment par un constat sur le terrain d’un nombre important de cabinets fermés le samedi matin : « Il en résulte une grande difficulté du Centre 15, appelé par carence, pour avoir accès à un médecin », expliquent-ils. Cela entraîne également un report des demandes non prises en charge le matin sur le créneau de garde de l’après-midi. Enfin, certains ajoutent que cela permettrait de libérer des médecins pour assurer la régulation sur ce créneau.

Pour les neuf CDOM qui y sont défavorables, cela s’explique par le fait qu’une organisation informelle, laissant une plus grande latitude aux médecins sur leur organisation, est déjà en place chez certains. « La plupart des médecins en campagne assurent des consultations le samedi matin. Les confrères veulent garder la liberté de consulter le samedi matin à leur convenance sans avoir en plus à assurer une PDSA certains samedis matin ». Pour d’autres territoires, la demande n’est pas assez forte sur le samedi matin pour le justifier : « Ils n’ont pas l’impression, et il n’y a pas de retour vers le conseil à ce sujet, qu’il y ait beaucoup de difficultés pour voir un médecin le samedi matin sur rendez-vous », explique un CDOM. Le décalage de rémunération entre les médecins dont les cabinets sont ouverts et les médecins de garde est également identifié comme un problème potentiel par d’autres départements.

Harmoniser la régulation et l'effection

Actuellement, si 41 départements ont mis en place une plage de régulation le samedi matin, pour huit d’entre eux (Manche, Allier, Cantal, Alpes-de-Haute-Provence, Vaucluse, Bouches-du-Rhone, Corrèze et Vienne), elle n’est pas assurée. Montant contesté dans la Vienne, difficulté à trouver des régulateurs dans la Manche, dans le Cantal, l’Association de régulation (AMBAC) ne veut pas assurer la régulation tant que ce créneau ne sera pas inclus également aux horaires de la PDSA pour l’effection.

En 2019, la régulation les samedis matin a été inscrite aux cahiers des charges de la Corse, la Normandie, et la Nouvelle-Aquitaine et renforcée en Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val-de-Loire. L’extension des horaires pour la régulation, lorsqu’elle ne s’accompagne pas de celle de l’effection, est souvent problématique. Dans la Drôme, où il existe une régulation libérale le samedi matin mais pas d’effection, « la plupart des cabinets étant fermés le samedi matin, en particulier dans les grandes agglomérations, il est impossible d’adresser les patients ailleurs qu’aux urgences, ou bien ils doivent patienter jusqu’à l’après-midi », explique le CDOM 26. Plusieurs départements vont lancer des expérimentations sur l’effection le samedi matin, et dans plusieurs des organisations informelles, « à l’initiative des médecins libéraux » sont déjà mises en place.

Le sujet pourrait bientôt avancer à l’échelle nationale. Le député LREM et médecin généraliste Julien Borowczyk a laissé entendre récemment lors du colloque de MG France, « qu’on devrait pouvoir arriver à un terrain d'entente » sur l'extension de la PDS au samedi matin « parce qu'il y a une vraie nécessité. La ministre s'est montrée plutôt à l'écoute et je crois que cela peut aboutir ».

Le débat est également ouvert sur les horaires de PDSA en soirée. Dans le rapport du Cnom, plusieurs CDOM soulignent qu’ils ne sont pas en cohérence avec l’activité constatée et la mise en place de plages horaires adaptées est déjà effective au sein de plusieurs départements comme la Haute-Marne, le Gers, les Landes ou la Martinique.


Source : lequotidiendumedecin.fr