CPTS : très critiques, les généralistes ne sont pas prêts à s'engager, selon notre enquête

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Publié le 07/09/2019
CPTS

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Crédit photo : GARO/PHANIE

Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) commencent à gagner du terrain sur le territoire. La direction générale de l'offre de soins (DGOS) comptabilisait 300 projets de CPTS fin août, a indiqué l'un de ses représentants, jeudi, lors des Universités d'été de l'Agence nationale d'appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (Anap) à Marseille, cité par l'APM.

Pour autant, les médecins généralistes ne sont toujours pas majoritairement décidés à prendre part à ces nouvelles organisations territoriales. Selon l'enquête en ligne que nous avons menée cet été sur legeneraliste.fr, 67 % des 496 médecins ont répondu ne pas être prêts à s'engager dans une CPTS, tandis que seulement 13 % se disaient partants, un praticien sur cinq n'ayant pas d'avis tranché sur la question.

La peur d'une usine à gaz

« On nous dit de diminuer nos tracasseries administratives et là on nous propose le contraire. Car pour toucher des fonds, il faudra bientôt embaucher un coordonnateur en plus des assistants pour courir après les financements –un peu comme la PAC pour les agriculteurs – et en fin de compte ne rien toucher », croit savoir le Dr Frédéric M.

Christophe L. est tout aussi négatif : « J’étais emballé confie-t-il, mais réflexion faite, je fuis cette usine à em.... Comment s’engager dans ces conditions ? Je rappelle l’infamante tarification du G au plus bas, qui ne permet pas d’envisager de construire un avenir médical serein. »

Comme beaucoup de ses confrères, le Dr Sylvain G redoute les contreparties demandées aux médecins qui adhéreront aux CPTS : « Ce truc est une usine à gaz pour nous demander de faire encore plus de choses qu'avant ! Certains y trouveront dans un premier temps une source de revenus supplémentaires qu'ils regretteront vite dès l'apparition de leurs premières obligations ! Un peu comme les MSP...»

 

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Peur sur la ville

Ces nouvelles communautés, qui doivent permettre d'améliorer « l'accès aux soins, les conditions d’exercice et la prise en charge des pathologies chroniques », sont parfois perçues comme une nouvelle menace contre l'exercice libéral. « Les CPTS installées, nous en entendrons tous parler lors des négociations de la prochaine convention, y adhérer sera un prérequis au conventionnement, Rosp, et aux divers autres forfaits auxquels nous sommes condamnés dorénavant », prédit le Dr Pierre B, fataliste. 

« Mettre le doigt dans l'engrenage des CPTS, c'est comme essayer de faire de l'hôpital à la ville... La situation des hôpitaux en France ? Catastrophique, tout est dit ! », ironise le Dr Jean-Michel D.

Dans ce concert de critiques, le Dr Francis C se démarque en se disant favorable aux CPTS. « C'est une solution d'avenir pour que les soignants soient reconnus et payés à leur juste valeur, pour lutter contre l'isolement des soignants, éviter des burn-out et des suicides. Pour lutter contre les déserts médicaux aussi, si l'état joue son rôle régulateur ! »

Un dispositif encore peu connu

Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), dont le financement a fait l'objet d'un accord conventionnel interprofessionnel signé le 20 juin après six mois de négociations par l'Assurance maladie, la CSMF, MG France, le SML et 19 autres organisations syndicales* (pharmaciens, kinés, infirmiers, sages-femmes…), doivent encore faire leurs preuves. « Je ne sais même pas ce qu'il faudrait faire pour s'engager dans cette nouvelle invention technocratique », commente le Dr Stéphane L.

« Le score de cette enquête se passe de commentaires, conclut le Dr Thierry L. On ne veut pas de cette nouvelle usine à gaz, point ! »


Source : lequotidiendumedecin.fr