De mieux en mieux ! Les délais de rendez-vous en ophtalmologie sont en « forte diminution », a souligné le Syndicat national des ophtalmologistes de France (Snof), à l'appui d'une nouvelle enquête menée auprès de ses adhérents (1 115 répondants). Son président, le Dr Thierry Bour, révèle que le délai médian pour une consultation de contrôle périodique (non urgente) a chuté en cinq ans, passant de 66 jours en 2017 à 28 jours en 2022 (soit une diminution de 58 %).
En fonction de la taille des agglomérations, ces délais médians varient assez fortement (graphique ci-dessous). Selon l'enquête réalisée par le syndicat, ils sont désormais de seulement 35 jours dans les grandes villes (100 000 habitants et plus), 44 jours dans les communes rurales et urbaines de moins de 20 000 habitants et de 54 jours dans les villes moyennes (20 000 à 10 000 habitants). Paris peut s'enorgueillir de proposer une consultation périodique avec un délai médian de 20 jours. Partout, les délais médians s'affichent en nette baisse depuis quatre ans (sauf dans la capitale où la situation est stable).
Source : Snof
Orthoptistes salariés, premiers recours
Le développement massif du travail aidé (+15 points depuis 2019) avec un ou plusieurs assistants dans la chaîne de soins visuels (orthoptistes, opticiens, assistants médicaux) a largement contribué à cette réduction des délais. Après une stagnation en 2020 et 2021, la proportion d’ophtalmos exerçant en travail aidé progresse à nouveau et atteint 78 % en 2022 (versus 71 % en 2021). Le travail aidé reste moins important en secteur 1 (63 % vs 82 % en secteur 2), ce qui, selon le Snof, justifie les contrats à l’embauche avec l’Assurance-maladie pour les orthoptistes et les assistants médicaux dans ce secteur aux tarifs opposables.
Par ailleurs, si le travail aidé augmente dans toutes les classes d’âge, il est plébiscité par les jeunes spécialistes de moins de 40 ans qui le pratiquent à 94 %. Et pour la première fois, plus de la moitié des ophtalmologistes exerçant seuls (cabinets unipersonnels) ont adopté cette solution (54 %).
Les orthoptistes salariés (2 390) restent de loin la principale aide choisie : 58 % des ophtalmos déclarent travailler avec ces salariés, soit cinq points de plus qu’en 2021. Leur embauche est davantage pratiquée en secteur 2 (65 %) qu'en secteur 1 (41 %).Un petit tiers (29 %) des répondants collaborent avec des orthoptistes libéraux, principalement à temps partiel. C’est la profession la plus représentée au sein des équipes devant les infirmiers salariés (668), les opticiens salariés (517) et les 833 autres assistants médicaux en ophtalmologie – hors infirmiers et opticiens.
« Le contrat conventionnel remplit son rôle », analyse le Dr Bour. Ainsi, la collaboration avec les assistants médicaux au sens large (IDE, opticiens, aides-soignants, secrétaires up-gradées) a augmenté de 32 % en volume en un an, signe du succès du dispositif de l’assistant médical dans cette spécialité.
Au total, « la majorité des ophtalmologistes travaillent avec au moins deux types d'aides. Cette équipe pluriprofessionnelle progresse fortement », se félicite le spécialiste.
39 % des ophtalmologistes travaillent avec une seule aide, 33 % avec deux types d'auxiliaires (Source : Snof)
Alors que les secrétariats en ligne ont été mis en avant ces dernières années, 84 % des ophtalmos continuent à avoir un secrétariat physique. À noter que 8 % des médecins n'ont ni secrétaire ni assistant.
Développer les cabinets secondaires
Pour améliorer encore l'accès aux soins visuels, le Snof mise également sur l'ouverture de sites secondaires. « Mais la démarche est coûteuse pour les médecins, cela peut aller jusqu'à 200 000 euros d'investissement. Il faut donc les motiver d'autant que beaucoup sont déjà débordés » Parmi les propositions du Snof, la mise en place d'une aide à l’investissement, une rémunération forfaitaire à la journée – en complément du paiement à l'acte – pour la présence dans ces cabinets secondaires, l'indemnisation kilométrique entre site principal et secondaire, voire l'ouverture du contrat Optam dans les zones sous-dotées pour les praticiens de secteur II qui n'en bénéficient pas sur leur cabinet principal… Ces dispositifs pourraient être négociés dans le cadre de la future convention médicale.
Financiarisation, un autre combat
Autre priorité récurrente du Snof, le maintien (au-delà de 2023) de la hausse du nombre d'internes formés – en allant jusqu'à 200 postes par an – pour anticiper les départs. Des postes qui devraient être affectés majoritairement dans les régions déficitaires.
Enfin, la profession appelle l'État à lutter contre la financiarisation de la filière visuelle. Cela passe par l'encadrement strict des centres de santé visuels et la suppression des offres de télémédecine dans les supermarchés et les magasins, qui détournent les patients et gaspillent les ressources humaines.
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