La polémique sur les contreparties au financement des assistants médicaux (en nombre de patients ou de consultations supplémentaires) rebondit. Après que les syndicats de médecins libéraux ont dénoncé le modèle « productiviste » de l'Assurance-maladie – la CNAM ayant estimé qu'un médecin pouvait passer de 3 ou 4 consultations à 6 par heure avec un assistant, tout en se défendant d'en faire un objectif opposable –, une pétition circule aujourd'hui contre « l'abattage en médecine générale ».
Deux fois plus, c'est non !
C'est le Dr Jean-Baptiste Blanc, généraliste à Paris, qui a décidé de la lancer.
On pourrait faire une pétition / tribune contre l’abbatage médical en MG. Un avant projet ici. Des MG intėressés pour finaliser ?https://t.co/ZENg2bzrkT
— Jean-Baptiste Blanc (@Dr_JB_Blanc) 14 février 2019
Les 100 premiers généralistes signataires refusent d’être « les boucs émissaires des politiques de santé délétères » ayant abouti à la désertification médicale. « Nous demandons à pouvoir recevoir, écouter, informer et soigner les patients qui nous accordent leur confiance, avec le temps nécessaire pour chacune et pour chacun », énumère le texte.
« Nous refusons de sacrifier la qualité de la consultation en recevant, dans le même temps de travail, deux fois plus de patients (...) Par cette tribune, nous tenons à faire savoir à notre ministre et à nos concitoyens que nous refusons de brader leur santé sur l’autel de la productivité », peut-on lire.
À ce stade des négos conventionnelles, la CNAM envisage deux indicateurs de suivi des bénéfices d'un assistant : l'augmentation de la patientèle médecin traitant ; et l'augmentation de la file active des praticiens pour les autres spécialités. Mais jamais, a assuré la caisse dans un communiqué, elle n'a « entendu proposer aux médecins de conditionner le financement d’un assistant médical à une quelconque obligation de respecter un nombre minimal de consultations par heure ou par jour ».
Dupagne, Winckler...
Quoi qu'il en soit, la pétition connaît un succès certain. Lundi après-midi, elle avait recueilli près de 600 signatures depuis sa mise en ligne – soutenue par l'auteur Martin Winckler, le blogueur et chroniqueur Dominique Dupagne, mais aussi par l'UFML-Syndicat et le Syndicat national des jeunes médecins généralistes (SNJMG).
Six patients par heure en MG, ça s'appelle de l'abattage, et c'est tout sauf du soin de qualité. Pour soutenir la pétition, c'est par ici
— Christine Maynié (@GeluleMD) 17 février 2019
cc @agnesbuzyn @MESNIERThomas on vous y propose même des pistes pour dégager du temps médical. https://t.co/Q0AJqd1SGS
Vous n’avez pas envie que votre médecin généraliste n’ait plus que 10 minutes maximum par consultation à vous consacrer? Signez ici! https://t.co/V9GkIE0nuK
— Docteur Bobo (@DocteurBobo) 17 février 2019
Haro sur les certificats chronophages
Outre leur désaccord avec les projets « imaginés sans la moindre connaissance du terrain », les généralistes avancent des propositions afin de faire disparaître des obligations « absurdes », synonymes de perte « de temps et d'énergie ».
Ils suggèrent de supprimer l’obligation de certificat médical d’arrêt de travail pour les arrêts inférieurs à deux ou trois jours, tout comme celui pour l’absence de parents qui gardent leur enfant un jour ou deux. Autre requête : « l'interdiction » des demandes de certificats pour la « cantine/garderie/crèche » en cas d’absence d’un enfant.
Autres actes jugés inutiles et chronophages, les certificats médicaux de « non contre indication » de tout poil (sport, pétanque, yoga, course à pied...), surtout quand les organismes en exigent un par an, si possible de moins de trois mois. « Pour un marathon de Paris, ce seraient par exemple 57 000 consultations gagnées », ironisent les généralistes pétitionnaires. Même volonté d'écarter les certificats d'absence scolaire, universitaire ou « pour les assurances »...
La tribune plaide pour des campagnes de communication « régulières » visant à informer les patients sur les critères permettant d’éviter une consultation pour des pathologies bénignes courantes. Enfin, le texte suggère un « accès direct avec prise en charge » pour des actes de paramédicaux – kinés, infirmiers, podologues, orthophonistes…
« Nous perdons tous les jours notre temps et notre énergie dans un nombre considérable de consultations inutiles », peut-on lire. Avec une injonction : « Faites disparaître ces obligations absurdes. »
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