À Cholet, un gros cabinet de généralistes opte pour le déconventionnement dès octobre

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Publié le 16/06/2023
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Crédit photo : PHANIE

La décision n’a pas été prise de gaîté de cœur mais c'est un indice supplémentaire des difficultés actuelles et de la colère des praticiens libéraux. Les membres du cabinet de médecine générale « Les Câlins » à Cholet, qui compte encore aujourd’hui huit généralistes, ont annoncé leur déconventionnement programmé, effectif au 1er octobre prochain, un séisme local. « On a retourné le problème dans tous les sens, on a fait des simulations avec le comptable mais il faut se rendre à l’évidence, l’an prochain, le cabinet ne sera plus viable », témoigne la Dr Marie-Pierre Vignaud, médecin généraliste.

En cause, le départ à la retraite, l’an prochain, de deux médecins associées de ce cabinet de groupe. « Il y a un an et demi, un de nos confrères est parti à la retraite et on avait déjà eu du mal à lui trouver un remplaçant », confie la Dr Vignaud. Les praticiens parviendront finalement à attirer un jeune généraliste, mais avec le statut de collaborateur libéral. Si celui-ci participe aux charges du cabinet, ce n’est pas à la même hauteur qu’un associé. Et avec deux médecins en moins pour 2024, ceux qui restent ne pourront plus faire face financièrement.

Refus du salariat, le secteur III faute de choix 

Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir essayé d’anticiper ce risque financier. Les généralistes des « Câlins » ont toqué à la porte de la mairie pour essayer de trouver une solution, sans succès. « Elle a proposé de racheter notre local et de nous salarier mais, d’une part, nous tenons à notre statut de libéral et, d’autre part, si les collectivités ont les moyens d’obtenir différentes subventions pour financer le cabinet, c’est toujours dans la logique du donnant-donnant ! À nous huit, nous assurons déjà le suivi d’environ 13 000 patients. Nous voulons continuer à faire de la qualité, pas de la quantité », explique la Dr Vignaud.

Seule solution envisagée donc – bien que risquée – le passage au secteur III, c'est-à-dire un exercice hors convention, entraînant le remboursement des patients sur la base dérisoire du tarif d'autorité. À moins que, d’ici à la date butoir du 1er octobre, d’autres options soient trouvées avec les élus locaux. Rendez-vous a été pris avec un député du Maine-et-Loire, Denis Masséglia (Renaissance).

Effet boule de neige 

Pas certain non plus qu’une solution apaisée soit trouvée rapidement pour garantir l’accès des habitants de Cholet à des consultations aux tarifs opposables. Car ce sont en réalité tous les généralistes libéraux de l’agglomération qui sont très remontés face aux signaux politiques récents (impasse des négociations avec la Cnam, proposition de loi Rist sur l'accès aux paramédicaux, PPL Valletoux sur l'accès aux soins, etc.).

Preuve en est, lorsque les médecins traitants du cabinet des « Câlins » ont fait part de leur passage en secteur III à la soixantaine de confrères et consœurs de l’Association médicale des omnipraticiens du Choletais (Amoc), réunis en assemblée générale, la majorité des généralistes ont voté eux aussi en faveur d’une « intention de déconventionnement » de soutien. Cette sortie concertée du système conventionnel pourrait devenir effective, de façon individuelle, à la fin de l’année. « Tout dépendra de ce qui sortira du texte législatif et de l’issue des prochaines négociations conventionnelles », explique le Dr Arnaud Frappier, président de l’Amoc, association apolitique et asyndicale.

À l’échelle du département entier, le feu couve déjà sur le front tarifaire. Les 345 médecins de la coordination des médecins libéraux du Maine-et-Loire (Comeli 49) ont appelé les généralistes à appliquer, depuis lundi 12 juin, un complément d’honoraires de 5 euros pour protester contre l'échec des négociations avec la Cnam et l’État.


Source : lequotidiendumedecin.fr