Ce sera donnant-donnant ! Déposée en mars par quinze députés LR, une proposition de loi relative à la médecine en milieu rural pour une offre de santé égalitaire vise à donner une deuxième chance aux meilleurs étudiants recalés au concours de la première année, sous conditions.
Le texte de trois articles suggère en premier lieu qu’une « quotité de places de médecine générale en zone tendue » soit réservée dans chaque académie « après examen des places manquantes ». L’idée serait de donner leur chance aux premiers étudiants recalés à l’issue de la première année – quelques dizaines par exemple, avec des moyennes correctes – pour intégrer cette filière aux conditions particulières et directives. Les étudiants retenus devraient s’engager à poursuivre leur cursus classique jusqu’à l’obtention de leur diplôme dans la spécialité de « médecine générale » (et non dans d’autres spécialités). Et à la fin de leurs études, ces jeunes généralistes auraient l’obligation de s’installer « dans leur académie dans les zones tendues définies par l’agence régionale de santé, durant dix ans ».
Recalés pour des centièmes de points
Contactée ce mardi par Le Quotidien, Frédérique Meunier, députée LR de la Corrèze, première signataire de la proposition de loi, défend un dispositif « pragmatique », « adapté à chaque territoire » et « non contraignant ». « Tous les jours, des habitants désespérés de ma circonscription m’interpellent car ils ne trouvent personne pour les soigner. Il est urgent de trouver des solutions », explique l’élue de Brive-la-Gaillarde. La mesure portée par son groupe politique, explique-t-elle, permettrait de « maintenir un réseau de médecins suffisant » en donnant « une chance à des jeunes qui ont la vocation pour faire médecine mais recalés pour des centièmes de points manquants qui n’ont souvent rien à voir avec le métier ».
Selon le président de la Conférence des doyens de médecine, le Pr Benoît Veber, interrogé par Le Quotidien, le taux de réussite global à l’entrée en deuxième année de médecine est désormais de 22 % (après la réforme de l’accès aux études de santé), ce qui laisse toujours de très bons profils sur le carreau. « Beaucoup de ces jeunes Français partent à l’étranger… et reviennent par la suite pour exercer en tant que médecins à diplôme étranger, c’est vraiment dommage », plaide la députée.
Dix ans, c’est peut-être un peu long… Cela pourrait être plus court
Frédérique Meunier, députée LR de la Corrèze
Dans le schéma de la PPL LR, les agences régionales de santé (ARS) seraient donc chargées de « quantifier » le nombre de places supplémentaires à ouvrir pour chaque territoire en zone fragile. Par exemple, dans l’académie de Limoges, seuls 80 élèves sont pris en médecine en deuxième année parmi un vivier d’environ 800 étudiants. L’idée serait de proposer « aux 20 ou 30 premiers étudiants recalés » cette solution de repêchage. « Cela ne veut pas dire qu’ils vont tous l’accepter, reconnaît-elle. Mais une fois engagés, ils devraient rester dans le cursus ».
L’élue se dit prête à discuter de la durée de cet engagement. « Dix ans c’est peut-être un peu long…, dit-elle. Cela pourrait être plus court ». Pour l’heure, Frédérique Meunier regrette que cette PPL, à ce stade, « reste dans les tiroirs ». « Mais je ne vais pas la lâcher », affirme-t-elle. Ce texte pourrait enrichir la future proposition de loi transpartisane sur l’accès aux soins portée à nouveau par Guillaume Garot, qui devrait à nouveau proposer des mesures directives à l’installation.
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