Finalement la certification s'imposerait à tous les médecins, les syndicats remontés

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Publié le 21/06/2021
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Crédit photo : SPL/PHANIE

La loi de Santé 2019 avait acté le principe d’une certification périodique des professionnels de santé. Mis de côté par la crise sanitaire, le projet revient sur la table et devrait faire l’objet d’une ordonnance présentée très bientôt au conseil des ministres.

D’après un communiqué de presse diffusé par l’UFML-S, celle-ci devrait être publiée le 13 juillet, et surprise… la certification serait finalement obligatoire pour tous les médecins en exercice. Le gouvernement aurait donc décidé de ne pas suivre les recommandations du rapport du Pr Serge Uzan, rendu aux ministres de la Santé et de l’Enseignement supérieur en novembre 2018. Dans celui-ci, le Pr Uzan proposait une certification tous les six ans, sur la base du volontariat pour les médecins déjà en exercice, mais obligatoire pour les diplômés à partir de 2021. À l’époque, il avait dit avoir fait ce choix pour faire avancer le sujet, sans se mettre à dos les représentants des médecins libéraux.

En 2032 pour tous les médecins

Mais aujourd’hui, d’après le syndicat du Dr Jérôme Marty, le choix fait par le gouvernement est différent. « La certification serait obligatoire pour tous les médecins en exercice, comme pour ceux nouvellement installés ! (…) Elle aura lieu tous les 6 ans », annonce-t-il. Selon l'UFML-S, elle s'appliquerait : pour les nouveaux médecins six ans après leur diplômes, et dès 2032 pour les médecins en exercice. Une décision qui a le don d’ulcérer les syndicats de médecin, « elle signe une fois de plus le mépris et la méconnaissance totale de nos professions », estime l’UFML-S. Pour le syndicat, nouvellement reconnu représentatif, « le ministère ne peut rendre obligatoire la certification des médecins libéraux alors que sa politique ne crée aucune condition pour améliorer l’attractivité de la médecine libérale ». Cela peut même « aggraver la crise démographique et la pénibilité de l’exercice », selon la formation syndicale qui appelle les médecins à ne pas accepter cette ordonnance et le ministère à reculer et à ouvrir une concertation pour créer « un choc d’attractivité pour la médecine libérale ».

Refinancer la formation continue

Pour MG France, ce n’est pas le principe de la certification qui pose problème, « elle doit garantir à la population que ses médecins ont bénéficié d’une actualisation régulière de leurs connaissances ». Mais l’état actuel de la formation continue des médecins soulève des doutes chez le syndicat. Depuis plusieurs années, les enveloppes dévolues aux médecins pour le développement professionnel continu ont diminué et « ce rationnement progressif laisse planer des inquiétudes sur leurs possibilités de formation », souligne MG France dans un communiqué. Le syndicat émet donc certaines conditions, afin que cette certification « ne soit pas une mascarade ». Ainsi, la conception et la validation des formations doivent être menées par les instances scientifiques au sein du Collège de la Médecine Générale, idem pour le contrôle de la formation qui ne doit pas être confiée à des instances extérieures. MG France demande que la formation continue se déroule sur le temps de travail des médecins, qu’elle soit indemnisée et s’oppose à l’obligation. Comme l’UFML-S, le syndicat considère que le caractère coercitif pourrait être contreproductif, « la profession est âgée, sa démographie en grande tension, des mesures contraignantes et vexatoires ne doivent pas inciter les médecins à abandonner l’exercice médical ».


Source : lequotidiendumedecin.fr