« Il y aura un avant et un après » : à Marseille, mobilisation unanime après l’agression violente d’une généraliste

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Publié le 23/08/2024
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Jeudi 22 août à 18 heures, un rassemblement citoyen a eu lieu à Marseille en soutien à une généraliste violemment agressée la semaine dernière par deux patientes, après avoir refusé de prescrire une ordonnance. Élus, habitants et soignants se sont mobilisés pour exprimer leur solidarité.

Mobilisation de soutien le jeudi 22 août dans le quartier de la Viste, à Marseille

Mobilisation de soutien le jeudi 22 août dans le quartier de la Viste, à Marseille
Crédit photo : DR

Mobilisation de soutien organisé le jeudi 22 août dans le quartier de la Viste à Marseille

Mobilisation de soutien organisé le jeudi 22 août dans le quartier de la Viste à Marseille
Crédit photo : DR

Élus locaux, membres du conseil départemental des médecins des Bouches-du-Rhône, soignants et habitants du quartier… Une centaine de personnes se sont rassemblées ce jeudi 22 août à 18 heures pour soutenir la généraliste violemment agressée le 12 août dans son cabinet de l'avenue de la Viste, dans le 15e arrondissement de Marseille.

« Je suis agréablement surpris par le soutien qui a été apporté. C’était très émouvant. Les habitants du 15e ont répondu présent et certains sont même venus de plus loin, du 11e ou du 12e arrondissement de Marseille », se réjouit le Dr Saïd Ouichou, collaborateur de la victime, à l’initiative de cette mobilisation.

« C’était pour nous très important d’avoir cette prise de conscience de la part des habitants, ajoute-t-il. La mobilisation s’est déroulée sans aucune fausse note, tout le monde était d’accord pour dire que ça ne va pas et qu’il faut faire quelque chose. »

Des promesses aux actes

Depuis l’agression, les rendez-vous et les coups de fil avec les autorités et les élus s’enchaînent. « Nous avons été reçus et entendus par le sous-préfet, Yannis Bouzar, souligne l’omnipraticien. Des promesses nous ont été faites mais maintenant on attend que ça se concrétise ! »

Dans l'immédiat, la ligne téléphonique du cabinet a été placée en priorité dans la prise en charge des appels au 17. « On nous a promis que la police interviendrait rapidement en cas de nouvelle agression, ce n'est malheureusement pas toujours le cas, déplore le confrère de la victime. On nous a également assuré qu'il y aurait plus de fermeté, que la plainte serait suivi d’effet et que tout serait fait pour que l'agresseur réponde de ses actes. »

Un élément selon lui essentiel pour encourager, dans le futur, les médecins à porter plainte. « Il faut qu’on puisse véritablement recenser les agressions, qu’on ait des statistiques », appuie-t-il.

Un renforcement de la sécurité du cabinet sera également étudié par la direction départementale de la sécurité publique de Marseille. Un bouton-poussoir à activer en cas de danger pourrait être proposé.

Soutien de l’ex-ministre de la Santé Agnès Firmin Le Bodo

Mais, malgré ces garanties, la victime n’est aujourd’hui pas certaine de continuer à exercer dans le quartier. « Elle m’a dit qu’elle réfléchissait encore, cela dépendra sûrement des moyens qui seront mis en place, mais j’espère de tout cœur qu’elle reviendra », confie le Dr Saïd Ouichou.

Après la mobilisation réussie de jeudi et l’écho médiatique suscité par cette affaire, le généraliste espère tirer de cet « événement malheureux quelque chose de positif et utile aux soignants ». « Il y aura un avant et un après, j’en suis certain. J’y crois », résume l’omnipraticien, lui-même victime de multiples agressions par le passé, dans un autre cabinet.

En plus du soutien de plusieurs élus, dont le maire de Marseille, Benoît Payan (PS), et le député de la 7e circonscription, Sébastien Delogu (LFI), les deux praticiens ont reçu celui de l’ancienne ministre de la Santé Agnès Firmin Le Bodo. « Elle a exprimé ses regrets de ne pas pouvoir être présente pour la mobilisation mais s'est montrée très compatissante et a déploré la lenteur des avancées. »

Pour rappel, en septembre dernier, l’ex-ministre, aujourd’hui députée (Horizons), avait présenté un vaste plan, déclinant pas moins de 42 mesures pour la sécurité des soignants, avec notamment la mise en place de dispositifs d'alerte (bouton d'alarme connecté sur un bracelet) pour les soignants libéraux « les plus exposés ».

Ce plan s'inscrivait dans un contexte de violences croissantes à l'encontre des blouses blanches. Pour l’année 2022, l’observatoire de la sécurité de l'Ordre des médecins avait même fait état d'un record historique du nombre d'incidents déclarés directement par les praticiens (1 244, + 23 %). Les généralistes s’avéraient les plus exposés.


Source : lequotidiendumedecin.fr