Tout nouveau, tout beau. Le conseil départemental du Cher a présenté, lundi 1er juillet, son « cabinet médical itinérant » flambant neuf. Ce véhicule équipé d’une rampe d’accès pour les personnes en fauteuil roulant, remplace le précédent qui était, depuis un an, prêté par les pompiers, à raison de trois jours par semaine. Ce qui ne l’a pas empêché de rendre de bons et loyaux services pendant toute une année à quelque «1 100 patients du territoire vivant dans des villages isolés », souligne la Dr Géraldine Servant, l’unique généraliste qui, pour l’instant, participe à cette aventure, démarrée en juillet 2023.
Tout est parti d’un constat inquiétant. Sur les 287 communes du département, 236 n’ont pas ou plus de médecins. Et parmi les 588 médecins (généralistes et spécialistes) toujours en exercice dans le Cher, 48 % d’entre eux ont plus de 60 ans. Pour corriger cette situation et lutter contre la désertification médicale, le conseil départemental a décidé de créer le plan « Cher santé » auquel il consacre 160 millions d’euros par an (y compris le soutien à la télémédecine, un guichet unique à l’installation, etc.). Une partie de ce budget a servi à la mise en place de ce cabinet médical itinérant, à destination des populations n’ayant pas de médecin traitant et qui leur propose des consultations et actions de prévention.
Tandem généraliste/secrétaire-chauffeur
L’équipe médicale est composée de la Dr Géraldine Servant et d’un secrétaire/chauffeur qui reçoit les appels et planifie les rendez-vous. L’organisation est bien rodée. La prise de rendez-vous se fait directement par téléphone le mardi et jeudi après-midi. En dehors de ces créneaux il est possible de laisser un message sur répondeur pour être recontacté.
La consultation est facturée au tarif conventionnel. La feuille de route du bus médical ? Se déplacer dans des petites communes où il n’y a pas de généraliste installé à moins de 20 km mais aussi « dans des zones où la pénurie médicale est particulièrement forte par rapport au reste du territoire ». En un an, 14 communes ont pu bénéficier de ce service. Quant à l’âge moyen des patients « visités », il est de 66 ans, « le plus jeune ayant 3 ans et le plus âgé 96 ans », confie le conseil départemental.
Opérationnel tous les jours de la semaine
« Ce nouveau véhicule pourra être opérationnel tous les jours de la semaine », se réjouit la Dr Géraldine Servant. Pour autant, la généraliste, installée depuis une vingtaine d’années, n’entend pas renoncer à son exercice partiel en solo à Vierzon. Elle attend le renfort d’un confrère pour la seconder dans le bus « d’ici à la fin de l’année ou le début de l’année prochaine ».
Cette forme d’exercice itinérant est très appréciable, insiste cette Auvergnate d’origine, qui souligne la satisfaction des patients. « Au début, il a fallu un peu les apprivoiser, on est dans les campagnes, mais globalement, ils nous font confiance assez rapidement ! Et surtout ils sont contents d’avoir accès à un médecin », développe-t-elle.
Il est cependant une chose que la praticienne peine à s’expliquer. Pourquoi ce cabinet médical itinérant ne peut-il pas être reconnu comme « médecin traitant » des patients qui y consultent, alors que l’antenne de Médecins Solidaires qui vient d’ouvrir dans le département y a été autorisée ? « Mais bon, ça, c’est des histoires d’agence régionale de santé… », préfère évacuer la praticienne.
Une chose demeure certaine en revanche, le nouveau bus a déjà un agenda bien rempli. Le 3 juillet après-midi, il sera dans la commune des Aix-d’Angillon, puis toute la journée du 5 juillet à Argent-sur-Sauldre… Le programme des villes de consultations court jusqu’au 30 août.
(*) Bénédicte De Choulot, vice-présidente en charge des affaires sociales, Jacques Fleury, président du Conseil départemental du Cher, la Dr Géraldine Servant, généraliste, François Le Glas, chauffeur/secrétaire, Thierry Machet, chef du service logistique et technique du Conseil départemental.
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