Les généralistes installés en zones sous-dotées démographiquement l’ont bien compris. Pour eux, la téléconsultation (60 000 actes remboursés en un an) et la télé expertise sont des options d’avenir. Pour les autres, il s’agit d’offrir aux patients un service supplémentaire et complémentaire à la consultation physique en cabinet. « En tant que médecin, je ne tire pas vraiment de bénéfice à faire de la téléconsultation », remarque le Dr Nicolas de Chanaud, généraliste en maison de santé pluriprofessionnelle à Paris. Selon lui, peu de médecins ont spontanément envie de faire de la téléconsultation. Mais il reconnaît que c’est un service intéressant pour les patients qui peuvent consulter sans se déplacer, y compris lorsqu’ils sont à l’étranger en vacances ou en déplacement professionnel. « C’est un gain de temps indéniable, notamment pour les patients nécessitant l’avis de leur généraliste sur l’interprétation d’un bilan sanguin, d’un examen radiologique ou en quête d’un diagnostic qui ne nécessiterait pas d’examen clinique », précise le Dr de Chanaud. Il confie tout de même que d’un point de vue scientifique, un doute subsiste toujours sur la nécessité de voir ou non le patient…
Sécurisation des échanges
Depuis le 15 septembre 2018, l’Assurance maladie prend en charge la téléconsultation sous deux conditions : l’existence d’un échange vidéo avec le patient (vidéotransmission) ainsi que d’une connexion sécurisée (relire notre dossier consacré aux recos de la HAS sur la téléconsultation). Concrètement, le patient optant pour une téléconsultation plutôt qu’une consultation physique, reçoit un lien par le biais duquel il se connecte à la consultation vidéo sur son ordinateur ou sa tablette. Au regard des informations médicales qui transitent, il est impératif de s’équiper d’un matériel performant (un ordinateur avec une webcam de bonne qualité) et de faire appel à une solution sécurisée et parfaitement fiable (plateforme d’échanges en ligne). La confidentialité des échanges ne peut passer par les moyens de communication vidéo traditionnels comme Skype, WhatsApp, FaceTime... Ces derniers ne garantissent pas la sécurité des transferts de documents médicaux. Et il en va de la responsabilité des médecins de garantir cette sécurité. L’Assurance Maladie exige en effet que la solution de télémédecine choisie soit : « conforme à la politique générale de sécurité des systèmes d’information de santé et au cadre juridique de l’hébergement des données de santé ».
Choisir sa plateforme de télémédecine
C’est ainsi que de nombreuses solutions de télémédecine* répondant à ces exigences envahissent le marché, au point qu’il n’est pas toujours facile de faire le tri. Pour Vincent Lambert, ingénieur, co-fondateur et président d’Idomed, le choix de la solution ne peut être guidé que par les spécificités de la patientèle de chaque médecin. « On n’opte pas pour la même plateforme d’échange que l’on ait affaire à une patientèle autonome ou à des patients dépendants pour lesquels la présence d’une infirmière conditionnera la téléconsultation. » Sur son site internet, MG France publie un comparatif des solutions proposées par une poignée d’industriels. Un soutien précieux dans le choix de l’application à télécharger peut également être trouvé sur monlogicielmedical.com qui répertorie les logiciels et plateformes de télémédecine.
D’un point de vue financier, sites et applications sécurisés proposent des abonnements dont les tarifs varient de 29 euros à plus de 80 euros par mois (29 euros par mois peuvent être financés par le forfait structure). Mais comme le souligne le Dr de Chanaud, « la difficulté ne réside pas dans le financement de l’équipement de télémédecine qui se trouve être raisonnable, mais bien dans le choix de la solution la plus adaptée aux besoins du cabinet ».
V.A.
* Liste non exhaustive de plateformes sécurisées : Acetiam, Consulib, DocAvenue, Doctoconsult, Doctolib, Idomed, Medvu, Mesdocteurs, Safesanté, Avis2santé, Concilio, Directodoc, Hellocare, Livi, Medaviz, MEDYLINK, MEDUNION, Toktodoc…
Pour en savoir plus : le 8 novembre prochain, la SFTG organise dans le cadre des Rencontres nationales Reagjir qui se déroulent à Reims, une formation intitulée : Télémédecine et soins primaires.
Assurance maladie : une aide à l’équipement pour les médecins
Une aide à l’équipement des médecins libéraux est instaurée via 2 nouveaux indicateurs dans le volet 2 du forfait structure à compter de 2019 (paiement en 2020) :
- 50 points (soit 350 euros) pour l’équipement de vidéotransmission, y compris pour les abonnements aux différentes solutions techniques proposées en matière de recours aux actes de télémédecine ;
- 25 points (soit 175 euros) pour l’équipement en appareils médicaux connectés. La liste des équipements pris en compte sera validée par la Commission paritaire nationale définie dans la convention médicale et actualisée chaque année.
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