La séance multilatérale des négociations conventionnelles du 25 janvier au cours de laquelle la Caisse nationale d’Assurance-maladie (CNAM) devait lever le voile sur le montant de l’enveloppe financière dévolue à la médecine libérale a été reportée à ce jeudi 8 février. Le DG Thomas Fatôme annoncera-t-il la revalorisation de la consultation des généralistes à 30 euros ?
Sur le terrain, l’impatience est grande chez les partenaires conventionnels à l’avant-veille de ce rendez-vous décisif entre la Caisse et les syndicats de médecins libéraux. Les cadres de la CSMF devraient rencontrer la ministre Catherine Vautrin le matin même de la reprise des négos. De l’avis du chef de file de la branche généraliste de la Conf’, le Dr Luc Duquesnel, il en va ni plus ni moins de l’avenir des médecins libéraux dans le système de santé. Entretien.
LE QUOTIDIEN : À deux jours de la reprise des négociations, comment abordez-vous ce nouveau round ?
DR LUC DUQUESNEL : Nous sommes inquiets depuis le départ. Quand on a connu les pourtours de ces sessions conventionnelles et les montants qui y sont dédiés, on ne peut que s’interroger sur le dénouement. Mais il faudra attendre le moment où le directeur de l’Uncam, Thomas Fatôme, annoncera le montant de l’enveloppe financière dévolue à la revalorisation de la médecine générale. Initialement prévue à l’occasion de la séance multilatérale du 25 janvier la séance a été reportée à ce jeudi 8 février du fait du changement ministériel. Mais quelle que soit l’annonce, cette multilatérale ne sera à mon sens qu’un point d’étape. Les négociations se poursuivront probablement jusqu’à fin mars.
Ce changement de gouvernement est-il une bonne ou une mauvaise chose pour l’obtention du C à 30 euros ?
Il est intervenu alors que nous allions aborder le paiement à l’acte. La Cnam a proposé la somme de 100 millions d’euros pour développer le forfait patientèle médecin traitant. Dont acte. Pour autant, le paiement à l’acte reste quelque chose de prépondérant pour le médecin généraliste libéral. Ce qui m’inquiète, c’est surtout le fait qu’à partir du moment où on s’était fixé comme objectif de départ de rendre le métier de médecin de famille attractif, alors qu’il ne l’est plus, il faut s’en donner les moyens. Or on sait très bien que faire passer la consultation à 30 euros ne rend en rien le métier plus attractif. Ce n’est pas suffisant.
En coulisses, le DG de la Cnam a pourtant laissé entendre qu’il viendrait avec de vrais moyens pour cette nouvelle multilatérale…
Thomas Fatôme et sa numéro 2, Marguerite Cazeneuve, nous ont pourtant clairement dit en bilatérale que le pourtour de l’enveloppe financière pour ces négociations conventionnelles était le même que celle du mois de janvier 2023 [estimée à 1,5 milliard d’euros, NDLR]. Mais une fois déduit ce qui a été accordé dans le cadre du coût du règlement arbitral, l’enveloppe de cette année sera donc inférieure à celle de l’an dernier. Or, lorsque les syndicats ont refusé de signer le Contrat d’engagement territorial, la somme se répartissait environ à 70 % pour les généralistes, et à 30 % pour les spécialistes. Aujourd’hui, on a une convention qui a vocation à être destinée à 100 % des médecins traitants et 100 % des autres spécialistes libéraux. Ça va automatiquement générer des frustrations.
Que vous répond la caisse ?
Que l’état des finances publiques de la nation est bien pire qu’il y a un an. Traduction, on aura plus de mal à obtenir une rallonge. Mais ce qui a peut-être évolué par rapport à ça, c’est le changement de gouvernement. La CSMF doit rencontrer Catherine Vautrin jeudi matin. Les échanges nous permettrons de savoir si la santé et les soins ambulatoires sont quelque chose de prépondérant pour elle. Et si la ministre, qui est une femme politique d’envergure, veut rendre notre métier attractif. Ou si, comme on a pu le croire à l’écoute tant du président de la République que du Premier ministre, c’est à nouveau l’hôpital qui va être prioritaire.
Cette rencontre préalable avec la ministre sera donc l’occasion pour vous de clarifier la donne ?
Tout à fait. Emmanuel Macron a indiqué qu’il voulait développer davantage la capitation mais la réunion de focus consacrée à ce sujet lors des négociations a bien montré que ce modèle est fait pour les centres de santé. Le programme Peps (paiement en équipe des professionnels de santé de ville) est un échec total pour le monde libéral. De même que les propos de Gabriel Attal et sa menace de rendre à nouveau la garde obligatoire sont un non-sens total. Cette stigmatisation des généralistes libéraux, qui en plus font le boulot en matière de permanence des soins, répond aux préoccupations des élus et de la population. Mais ce n’est certainement pas cela qui va rendre le métier attractif.
Quel est l’état d’esprit de vos troupes ?
Combatif. À partir du moment où on est en négociation, on ne peut pas se permettre d’être défaitiste. Ça ne veut pas dire qu’on va réussir mais on n’a pas le droit d’échouer, sinon on va voir le nombre de médecins traitants s’effondrer encore plus rapidement qu’aujourd’hui.
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