PDS : En Charente et en Vendée, les réquisitions provoquent la colère des médecins

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Publié le 06/06/2018
Colère

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Crédit photo : VOISIN/PHANIE

La tension monte de plus en plus entre les médecins libéraux et les agences régionales de santé au sujet de la permanence des soins (PDS) (notre dossier ici). En Charente, les quelque 180 médecins à nouveau réquisitionnés par le préfet à la demande de l'ARS depuis le mois de mai sont en colère. Ils avaient déjà été appelés à reprendre les gardes pendant 15 mois en 2016, puis 5 mois en 2017 et leur bras de fer avec l'instance régionale continue. Les médecins du secteur refusent d'assurer les gardes après 22 heures, jugées « inutiles » par le Dr Alain Thiburce, président de l'Association des médecins effecteurs de la permanence des soins de Charente (Ameps) joint par Le Généraliste.

Ce dernier parle même de « faux problème » puisque selon ses chiffres, « 1,5 appel de nuit seulement nécessite un déplacement ». Le Dr Thiburce invoque aussi la proximité de plusieurs centres d'urgences disponibles pour réguler le peu d'appels passés entre 22 heures et minuit. Les médecins charentais ne comptent pas céder à l'insistance de l'ARS mais ont écarté la possibilité d'organiser une journée santé morte en guise de protestation. « L'idée a été évoquée en réunion mais compte tenu de la lassitude des français envers les grèves dans la période actuelle et de l'activité accrue des généralistes, nous l'avons écartée », précise le généraliste charentais.

Les libéraux refusent par ailleurs d'élargir les 14 secteurs de gardes comme le propose l'ARS en s'inspirant de ce qui est fait en Corrèze ou en Creuse. « On ne va pas faire 50 km à 23 heures pour aller voir ce qui se passe. Si les médecins corréziens acceptent de le faire c'est tout à leur honneur mais c'est certainement parce qu'ils n'ont pas les moyens de secours suffisants à côté, comme nous en avons en Charente » martèle le Dr Thiburce. 

Réquisitionné, un médecin déplaque en Vendée

Le département de Charente n'est pas le seul théâtre de tensions entre ARS et médecins au sujet des réquisitions. Trois médecins généralistes vendéens comparaissaient lundi dernier devant l'Ordre départemental des médecins de Nantes pour hostilité au système de garde mis en place par l'ARS. L'un d'eux, le Dr Thierry Rousseau, généraliste à Mortagne-sur-Sèvre, a même décidé de déplaquer à l'âge de 54 ans seulement. Deux autres consœurs sont également jugées pour avoir refusé de participer aux gardes.

Devant la chambre disciplinaire, le Dr Rousseau a jugé ce système « absurde et révoltant » et s'est défendu en affirmant qu'il « ne sait pas faire de médecine par téléphone », rapporte Ouest France. Son avocat aurait également contesté la légalité de ces réquisitions et s'est dit prêt à défendre son client jusqu'au Conseil d'État. 


Source : lequotidiendumedecin.fr