Adossé au centre de Givors, un cabinet mobile au secours des villages privés de généralistes

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Publié le 13/10/2020
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La médecine mobile attachée à un centre de santé : une initiative qui chemine

La médecine mobile attachée à un centre de santé : une initiative qui chemine
Crédit photo : DR

C'est une première, qui illustre la créativité de la médecine salariée : rattaché au centre de santé de Givors ouvert en juin, un bus médical va sillonner dans les prochaines semaines les quartiers reculés de cette ville et de neuf communes avoisinantes privées d'offre de médecine générale.

À son bord, l'un des médecins généralistes salariés du centre de santé effectuera les consultations au sein de ce cabinet médical mobile tout équipé (mini-salle d'attente, table d'examen, échographe, ECG, matériel d'examen ophtalmologique…). « Le médecin ne sera pas isolé, assure Marion Demontès, chargée de mission à l'Association gestionnaire de centres de santé pour omnipraticiens (Aceso). S'il a des difficultés, il peut envoyer un compte rendu au centre de santé et bénéficier de l'avis du confrère ». Les patients devront prendre un rendez-vous auprès du centre de santé pour obtenir un créneau de visite.

Le Pr Jean-Louis Touraine aux manettes 

L’initiative de cette offre de santé itinérante revient au Pr Jean-Louis Touraine,  médecin et député LREM, président fondateur de l’association gestionnaire (Aceso). Bien que le projet ait eu le feu vert d'Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, il a fallu néanmoins surmonter quelques obstacles. D'abord sur le plan règlementaire. « Le dispositif est rattaché à un centre de santé. C'est une obligation légale, sinon c'est assimilé à une médecine foraine », explique l'élu du Rhône. 

La principale difficulté reste le recrutement de médecins. « Le centre de santé n'a aujourd'hui que deux praticiens à temps partiel. Nous devons recruter encore un troisième pour pouvoir lancer le dispositif. C'est compliqué à cause de la pénurie médicale », déplore Jean-Louis Touraine.

En tout, l'association mise sur le renfort de quatre généralistes équivalents temps plein pour faire tourner le centre de santé et le cabinet mobile associé. Parmi les candidats, deux profils se dégagent : des jeunes remplaçants qui souhaitent s'installer et des jeunes retraités avec une activité partielle. Les médecins seront rémunérés sur une base moyenne de 4 000 euros brut par mois pour un temps plein de 35 heures. 

Majorer la consultation classique ?

Côté financement, le projet a reçu 50 000 euros d'aide de la commune de Givors. La région a prévu de verser 200 000 euros et l'agence régionale de santé (ARS) jusqu'à 50 000 euros au titre de l'aide à l'investissement sur la création des centres de santé.

Ces subventions participent à l'équilibre du budget annuel prévisionnel du centre, estimé à 750 000 euros. Pour financer le cabinet mobile, l'association table « pour chaque médecin sur une moyenne de 2,5 consultations par heure dans le véhicule au lieu de 3 ou 4 dans un centre de santé ». Ce qui risque de ne pas suffire encore. « Pour assurer les frais d'essence et de temps de déplacement, nous voudrions que le tarif de la consultation à 25 euros soit revalorisé dans ce cadre à hauteur d'une visite à domicile à 35 euros », suggère le Pr Touraine. Des discussions sont en cours avec la CNAM, en vain pour l'instant. 

« Une fois lancé, notre dispositif va rester expérimental, confie le Pr Touraine. Nous ferons un bilan et, si tout va bien, on pourrait étendre le cabinet mobile à d'autres territoires qui nous ont contactés ». Bourg-en-Bresse (Ain), Annonay (Ardèche), Le Puy-en-Velay (Haute-Loire): touchées par le manque de médecins, ces communes sont déjà sur la liste de la médecine mobile salariée. Et si l'expérience est concluante, ces camionettes médicales pourraient essaimer demain sur beaucoup d'autres territoires. 

Loan Tranthimy

Source : Le Quotidien du médecin