Dénigrement des homéopathes, non-confraternité : un cardiologue écope d'un avertissement

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Publié le 03/12/2019

Crédit photo : DR

Alors que le déremboursement progressif de l'homéopathie est engagé, le collectif « FakeMed », à l'origine de la tribune contre les fake médecines (publiée dans « Le Figaro » en mars 2018), reste très attentif à l'issue des poursuites ordinales pour non-fraternité à l'encontre des praticiens signataires de cette tribune.

La dernière décision a été rendue le 28 novembre par la chambre disciplinaire de première instance des Hauts-de-France de l'Ordre des médecins. Cette fois, elle a condamné le Dr Pierre-Marc Lallemand, signataire de la tribune, à un « avertissement », sanction la plus basse.

Ce cardiologue du CHU d'Amiens était poursuivi par la Fédération syndicale l'Union collégiale, le Syndicat de la médecine homéopathique (SMH), le Syndicat des médecins indépendants libéraux européen (SMILE), le Syndicat des mésothérapeutes français (SMF), le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), l'association pour l'utilisation rationnelle des médecines alternatives (AURMA) et divers médecins homéopathes.

Charlatans

Ceux-ci – comme dans les autres procédures similaires – lui reprochent d'avoir méconnu les principes du code de déontologie selon lesquels tout médecin « qui participe à une action d'information du public de caractère éducatif et sanitaire, quel qu'en soit le moyen de diffusion, doit ne faire état que de données confirmées, faire preuve de prudence et avoir le souci de répercussiond de ses propos auprès du public ».

Le code impose également aux praticiens « de s'abstenir, même en dehors de l'exercice de sa profession, de tout acte de nature à déconsidérer celle-ci ». Les médecins doivent enfin « entretenir entre eux des rapports de bonne confraternité ». Selon les juges ordinaux, ces principes ont été violés par des propos anti-confraternels de nature à déconsidérer la profession.

« Les médecins ayant recours aux médecines alternatives y sont assimilées à des "charlatans en tout genre" (...) », peut-on lire dans la décision. « Loin de se contenter de relancer un débat sur les questions d'intérêt général liées à la pertinence du recours aux médecines dites alternatives ou complémentaires, au nombre dequelles figure l'homéopathie, et au bien fondé de leur prise en charge par la solidarité nationale, les auteurs de cette tribune, par les termes utilisés, mettent en accusation les médecins qui prescrivent des médicaments homéopathiques en parlant de charlatanisme et en affirmant que ces confrères se rendent coupables de tromperie, et les thérapies alternatives qui y sont associées de dangereuses », ajoutent les juges. Le cardiologue qui a écopé d'un avertissement dispose de 30 jours pour faire appel de cette décision.

Pratiques éprouvées

En septembre 2018, le Dr Pierre-Marc Lallemand avait confié au « Quotidien » son incompréhension au sujet de ces contentieux. « La tribune ne visait pas les médecins eux-mêmes mais une pratique ! Nous demandons seulement aux médecins de se référer à des pratiques éprouvées par la science comme l'a prévu le code de déontologie », soulignait-il. 

Selon le Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF), le Dr Lallemand est le neuvième praticien signataire de la tribune à avoir écopé un avertissement. Le syndicat des homéopathes a déposé une cinquantaine de plaintes. 


Source : lequotidiendumedecin.fr