Ses thuriféraires font de cette réforme l’équivalent pour la médecine de ville des ordonnances de 1958 pour les CHU. Les CPTS, un sigle infaisable qui signifie communautés professionnelles territoriales de santé, ambitionnent en effet rien moins que de repenser de fond en comble l’organisation des soins ambulatoires. Le challenge est de taille : il s’agit d’apporter sur le terrain une réponse au défi des pathologies chroniques et du maintien à domicile, mais aussi aux soins non programmés, à la prévention ou à l’éducation thérapeutique, tous domaines dans lesquels la France est plutôt en retard, faute de coordination efficiente entre la ville, l’hôpital et le médico-social. Pour corser l’équation, on lance l'affaire en pleine crise de la démographie médicale. Ceci expliquant cela, le chantier avance lentement. Quatre ans après leur invention, les CPTS restent pour beaucoup des OVNI et le maillage est loin d’être complet. Cinq mois après la signature de l’accord avec la CNAM, seule une poignée de structures bénéficie déjà de financements conventionnels pour fonctionner…
Il faut dire que la mise en musique n’est pas exempte de craintes. Côté médecins, les pionniers avertissent : faute de mobilisation de la profession, ce sont les ARS qui reprendront la main… Mais la majorité silencieuse renâcle. Et si cette coquille, imaginée sous Marisol Touraine, se refermait comme une prison sur les malheureux libéraux, embarqués ipso facto dans le paiement forfaitaire, la prescription surveillée, la permanence des soins obligatoire, voire – Ô cauchemar ! – le tiers payant généralisé… En face, les pouvoirs publics rassurent. Tel le patron de l'assurance maladie la semaine passée, en mission commandée devant un parterre de libéraux de santé : « on s’amuse à se faire peur », proteste Nicolas Revel, pour lequel, si l’on veut avancer, il ne faut pas confondre prudence et immobilité. Et d'ajouter, bon prince, que les caisses sauront faire preuve de souplesse si besoin. Chiche ?
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