Rude journée pour le gouvernement sur le front de la réforme des retraites.
Côté gouvernement d'abord, le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, a présenté sa démission lundi au président de la République, qui l'a acceptée « avec regret », après une semaine de révélations sur ses activités et mandats non déclarés, admettant « une légèreté coupable ».
Nommé par Emmanuel Macron en septembre 2017 pour préparer la réforme des retraites, Jean-Paul Delevoye estime que la « confiance est fragilisée sous les coups d'attaques violentes et d'amalgames mensongers » et qu'à travers son « procès », on « veut porter atteinte au projet » qu'il juge « essentiel pour la France », a-t-il expliqué dans une déclaration à l'AFP.
Grève glissante
Du côté des opposants à la réforme, la situation s'est également durcie depuis les annonces d'Édouard Philippe.
À la veille d'une nouvelle journée de mobilisation interprofessionnelle, ce mardi, le collectif de libéraux « SOS retraites » – rassemblant 16 professions de santé, du droit, du transport aérien et du chiffre représentant plus d'un million d'actifs – a officiellement appelé les professions libérales à entrer dans la grève dès le « 3 janvier 2020 », soit un mois avant la date prévue initialement (3 février).
Cette grève « glissante » (dans un premier temps) pourrait affecter les compagnies aériennes, les cabinets libéraux médicaux, d'avocats et d'experts-comptables. Si « aucune réponse précise n'est donnée sur les réserves, la préservation des caisses autonomes ou les niveaux de pensions des libéraux, la grève sera illimitée à compter du 3 février », avertit le Dr Jean-Paul Hamon, président de la FMF, membre de ce collectif.
Ultime réunion le 7 janvier pour les médecins
S'ils ne font pas partie du collectif SOS retraites, la CSMF et le SML ne cachent pas non plus leur inquiétude après avoir découvert les détails du projet de réforme. La CSMF estime que « le futur régime universel n'est absolument pas adapté à l'exercice libéral » et « même source pour les médecins libéraux de rétrogradation sociale ». Dans une vidéo relayée sur Twitter, la centrale de Jean-Paul Ortiz appelle la profession « à se mobiliser contre cette réforme » sous une forme qui sera précisée dans les jours à venir.
#RetraiteUniverselle : une situation inacceptable ! pic.twitter.com/IKyL8RWYe9
— CSMF_officiel (@CSMF_officiel) December 16, 2019
Le SML calcule lui aussi que la réforme « conduit à une baisse de la pension de retraite des médecins libéraux dans une proportion qui sera plus importante que la baisse de cotisation annoncée ». Le syndicat de Philippe Vermesch fait valoir que la fixation du système universel à 3 PASS (soit 120 000 euros de revenus annuels) « condamne les caisses complémentaires dont la CARMF avec ses services, ce qui nécessite la création d'une structure de médiation entre les différents acteurs du régime universel ». Quant à la gouvernance du futur régime universel, elle sera certes confiée aux partenaires sociaux, « mais sous contrôle strict de l’État ». Une dernière réunion avec l'équipe gouvernementale sur la situation des médecins libéraux est programmée le 7 janvier.
Enfin, l'Union nationale des professions libérales (UNAPL) estime que les libéraux n'ont pas été entendus sur l'essentiel. Cette réforme « gomme les spécificités des professions libérales et détruit leurs régimes autonomes au profit d’un régime universel dont ils seront les grands perdants », analyse l'organisation qui réunit 68 syndicats. Celle-ci réunira son conseil national le 9 janvier, afin de décider des modalités d’action.
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