CPTS « opportunistes » en Ile-de-France : l'URPS médecins libéraux se méfie d'une course aux chiffres

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Publié le 16/07/2019

Crédit photo : PHANIE

C'est un appel « à la raison » que viennent de lancer les médecins libéraux de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS) Ile-de-France. Dans une lettre ouverte adressée à leurs confrères franciliens, au directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) et aux directeurs des caisses primaires d'assurance-maladie (CPAM) de la région, les libéraux élus de l'URPS se disent inquiets du lancement de projets « opportunistes » de communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). 

« Des médecins nous ont alertés sur la création de CPTS sur leur territoire alors qu'ils n'ont pas été informés », indique le Dr François Wilthien, vice-président de l'URPS (collège médecins généralistes). « L'ARS Ile-de-France est proactive pour créer rapidement des CPTS. Il y a une sorte d'engouement. Mais attention aux précipitations qui pourraient entraîner de profondes désillusions. Nous souhaitons surtout protéger les médecins des territoires qui peuvent se sentir oubliés des projets », assène-t-il.

Le Dr Frédéric Prudhomme, vice-président de l'URPS (collège des spécialistes), enfonce le clou : « Nous ne voulons pas que ce soit toujours les mêmes qui ont du temps pour répondre à l'ARS qui obtiennent l'agrément. Comme il ne peut pas y avoir plusieurs CPTS sur un même territoire, ce n'est pas le premier arrivé qui doit être le premier servi. On doit pouvoir choisir entre plusieurs projets celui qui est le plus équilibré, structuré, et qui emporte l'adhésion des acteurs représentatifs du territoire ».

« Pas d'obsession du chiffre »

Les craintes des professionnels sont-elles justifiées ? Alors qu'Emmanuel Macron attend 1 000 CPTS d'ici à 2022, l'ARS Ile-de-France se défend d'avoir une « obsession du chiffre » pour la régionAu contraire, l'organisme souhaite laisser du temps aux professionnels de santé pour s'approprier le dispositif et communiquer « au maximum » sur les projets qui émergent dans les territoires. « Tous les relais comme les URPS des professionnels de santé, les ordres, les délégations territoriales, les caisses primaires d'assurance-maladie vont être utilisés pour faire connaître les projets. Cela permet aux professionnels de se positionner sur les initiatives, de faire savoir s'ils souhaitent intégrer les projets et éventuellement proposer des alternatives à ces CPTS », déclare Pierre Ouanhnon, directeur adjoint de l'offre des soins de l'ARS.

Lorsqu'il existe des projets concurrents, « nous les invitons à travailler ensemble. Mais au final, s'ils ne sont pas d'accord, nous leur proposerons de partager le territoire entre eux. L'objectif est qu'il y ait des échanges sur un même territoire », ajoute-il.

Quant au choix du projet de CPTS pour le territoire (la loi impose un seul projet par territoire), l'ARS se fonde sur plusieurs critères : le nombre de professionnels inclus, un projet en adéquation avec le projet régional de santé, la pluridisciplinarité, l'adhésion des établissements… « Ce serait un échec si les CPTS ne sont constituées que de maisons de santé et de centres de santé », insiste l'ARS.

L'ARS recense une CPTS créée à Paris dans le 13e arrondissement, 10 projets accompagnés dans la phase d'amorçage (financement du temps administratif, des réunions, soutien à l'ingénierie pour le projet de santé…) et 50 projets moins évolués. 


Source : lequotidiendumedecin.fr