Accès direct aux paramédicaux : ces médecins qui disent banco !

Par
Publié le 10/11/2021

Crédit photo : PHANIE

Dans l'examen du projet de loi de finances de la Sécurité sociale pour 2022 (PLFSS), les sénateurs doivent se pencher d'ici à la fin de la semaine sur les mesures d'accès direct aux professions paramédicales sans prescription médicale préalable (articles 40 et 41), qu'ils ont déjà prévu de recadrer, contre l'avis du ministre de la Santé, Olivier Véran. Si ces transferts de compétences sont décriés par les instances représentatives de la profession médicale (dont l'Ordre, les syndicats de libéraux et les conseils nationaux professionnels de plusieurs spécialités), certaines voix s'élèvent dans la profession pour faire entendre une petite musique différente.

À commencer par les jeunes médecins de ReAGJIR, qui font front uni avec plusieurs organisations étudiantes concernées par ces mesures (masseurs-kinésithérapeutes, sages-femmes, orthophonistes et orthoptistes). « Dans le parcours de santé, l’amélioration de la collaboration interprofessionnelle passe par la transmission de bilans. Ce travail est renforcé depuis des années grâce à l’apparition de l’exercice coordonné (...) et à l’horizon 2022, l’évolution du système numérique de santé mènera à une facilitation de la communication d’informations », soutiennent les futurs professionnels, qui lancent un appel « à l’union, au dialogue et à la collaboration » entre les professions de la filière.

Pour appuyer leur demande, ils rappellent que l'accès direct est ouvert à d’autres professions de santé « dans plus de 40 pays », dont plusieurs en Europe. « À l’échelle internationale (Canada, États-Unis et Suède), des études comparant l’accès dirigé par le médecin généraliste et l’accès direct aux kinésithérapeutes ont rapporté que le modèle d’accès direct présentait de nombreux bénéfices dont une réduction des coûts de santé, une amélioration de la qualité de vie des patients et un temps d’attente aux soins diminué », soulignent les étudiants et jeunes médecins.

Positions « conservatrices et passéistes »

Sur Twitter, des médecins de terrain se sont également positionnés en faveur de ces mesures, tout comme France Assos Santé, qui représente les associations de patients agréées.

 

Ancien vice-président de l'Ordre, le Dr Jacques Lucas a de son côté tenté d'apaiser les esprits face aux polémiques.

Ces positions font écho à une tribune – plus tranchée – publiée en début de semaine dans « Le Figaro » et signée par des médecins et des paramédicaux pour défendre l'accès direct et favoriser la collaboration interprofessionnelle. Ils dénoncent une situation qui n'est « plus acceptable », un dogme « incontournable du monopole médical » empêchant toute adaptation rapide du système de santé ou encore des positions « conservatrices et passéistes pour protéger des intérêts corporatistes ». « Il est préjudiciable qu'une minorité de médecins bloque depuis de trop nombreuses années toute possibilité d'évolution du système de santé, largement plébiscitée sur le terrain par les professionnels de santé, dont les médecins », estiment les signataires.

Selon eux, ces blocages amènent à des professionnels de santé à exercer dans l'illégalité pour faire tenir le système. « La simple administration par une infirmière sans prescription médicale d'un antalgique comme le paracétamol pour répondre à la douleur d'un patient est illégale, alors que ce médicament est disponible librement en pharmacie », pointe la tribune. « À tel point que de nombreux Français se tournent vers des thérapies dites alternatives qui bénéficient d'un accès direct (...) et s'appuient pour la plupart sur des théories non prouvées pouvant relever du charlatanisme », regrettent les auteurs du texte, signé par le collectif Fakemed.

De quoi donner au ministre de la santé l'impression d'être moins seul dans cette affaire, lui qui a lancé hier à SantExpo, le salon de la Fédération hospitalière de France (FHF) qu'il ne sera pas « le ministre des corporatismes ».


Source : lequotidiendumedecin.fr