Assistants médicaux, ça décolle : 3 112 contrats signés, un demi-million de patients ont trouvé un médecin traitant

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Publié le 16/06/2022
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Crédit photo : S. Toubon

À la fin du mois de mai, exactement 3 112 contrats d'aide à l'embauche d'assistants médicaux avaient été signés par des médecins libéraux avec leur caisse primaire, soit dix fois plus qu'en janvier 2020.

Le dispositif, imaginé par l'ancien directeur général de l'Assurance-maladie, Nicolas Revel, a d'abord connu une montée en charge régulière, qui n'a d'ailleurs pas été freinée par la crise du Covid, et marque désormais une accélération depuis le début de l'année. Selon le bilan présenté mercredi par la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam) aux syndicats de médecins libéraux en commission paritaire nationale (CPN), que « Le Quotidien » s'est procuré, près d'un quart de ces contrats aidés concerne des médecins nouvellement installés. Plus de 100 autres sont en cours de signature. 

Sans surprise, il s'agit dans 78 % des cas d'un médecin généraliste (2439 contrats) – les autres spécialistes se partageant les 22 % restant (673). Le dispositif a séduit 180 cardiologues, 110 ophtalmologues, 65 pédiatres, 38 psychiatres, 33 dermatologues, 16 neurologues ou encore 14 chirurgiens.

C'est la formule de l'assistant à mi-temps qui marche le mieux puisque ce type de contrat (1/2 ETP) a été choisi dans presque la moitié des cas (47 %), le temps complet par médecin n'ayant été préféré que dans 674 contrats tandis que 948 options sont à tiers-temps. C'est pourquoi le total du nombre de postes en équivalent temps plein (ETP) est de 1 724. On est encore assez loin toutefois de la cible des 4 000 assistants médicaux, assignée par Emmanuel Macron en septembre 2018 dans son plan « Ma santé 2022 ».

Activité en hausse

Néanmoins, l'objectif principal de libérer du temps médical pour que les praticiens puissent soigner davantage de monde commence sérieusement à se concrétiser.

Ainsi, le nombre de patients supplémentaires pris en charge par un médecin traitant grâce au dispositif des assistants médicaux atteint « 511 930 » personnes (+22 % par rapport à la patientèle initiale MT des médecins adhérents). Et la file active – au moins une consultation dans les 12 mois – de l'ensemble des patients pris en charge s'est allongée de 21 % (soit 1 199 439 patients supplémentaires vus). 

La Cnam a cherché à savoir si l'embauche d'un assistant médical avait dopé l'activité des généralistes installés avant 2016. Sur ce panel de 305 médecins, le contrat d'aide à l'embauche a permis d'augmenter de 9,9 % le nombre de patients ayant un médecin traitant (entre le 30 juin 2019 et le 31 décembre 2021), mieux que les 7,1 % attendus. Sans surprise, la hausse est plus forte (+10,2 %) dans les cabinets de groupe et les maisons de santé pluridisciplinaires (MSP) et lorsque l'assistant travaille à temps plein (+13 %).

En trente mois, la file active a augmenté de 5,3 % chez ces mêmes généralistes installés avant 2016. La progression est forte dans les MSP (+9,5 %) et, encore fois, en cas de temps plein de l'assistant (+18,2 %). Ces médecins généralistes ont réalisé 7,4 % d'actes supplémentaires entre 2018 et 2021 : +2,9 % d'actes cliniques et +4,5 % d'actes techniques, dont une part (non précisée) de vaccination Covid. Par comparaison, l'activité clinique de l'ensemble des généralistes a reculé de 4,4 % entre 2018 et 2021…

Anciennes secrétaires médicales

Géographiquement, les contrats se répartissent quasiment à moitié-moitié entre les zones sous-denses (1602 contrats, 52 %) et les zones denses (48 %), sachant qu'au départ le dispositif était plutôt destiné aux secteurs fragiles.

La répartition géographique n'est, pour l'heure, guère homogène. Les départements où les médecins ont le plus recruté sont la Seine-Saint-Denis (113 contrats), la Haute-Garonne (103) et le Gard (77), tandis qu'il n'y a qu'un seul praticien du Cantal qui a franchi le pas.


Répartition des contrats signés par département

Qu'y avait-il sur le CV de ces nouvelles recrues ? Plus de la moitié (55 %) sont d'anciennes secrétaires médicales reconverties et un bon tiers (plus de 1 000 embauches) ne viennent pas du secteur. Seulement 257 infirmières et 43 aides-soignantes ont été recrutées à ces postes, la faute probablement à une rémunération insuffisante attractive.

En termes de formation et de diplôme, ce nouveau métier a été calqué sur le vieux métier d'assistante dentaire. Ainsi, le certificat de qualification professionnelle (CQP) d'assistant médical vient juste d'être inscrit au répertoire national en avril et les premières délivrances ont commencé.


Source : lequotidiendumedecin.fr