La Sécurité sociale n'est pas née simplement en 1945 d'un consensus issu du Conseil national de la Résistance. Ses racines remontent jusqu'à la Révolution française et sa genèse est tumultueuse et conflictuelle, rappelle l'économiste Nicolas Da Silva dans cette lecture anticapitaliste de l'histoire du système de santé. L'universitaire, qui enseigne à Sorbonne Paris Nord, veut dépasser la vision commune de la Sécu, comme « le capital de ceux qui n'en ont pas ». Selon lui, celle-ci est le fruit d'un « État social » allié objectif du capitalisme voulant maintenir l'ordre social. Une étatisation originelle à laquelle s'étaient opposés, après guerre, la CGT mais aussi l'Église catholique, les mutuelles et les médecins, et qui s'est prolongée jusqu'au plan Juppé de 1996 contre lequel s'était mobilisée la CSMF. Pour autant, même si l'auteur n'est guère tendre avec les médecins libéraux – dont il a épinglé les revenus sur Twitter lors de leur grève – et qu'il ne les convaincra pas sur tous les plans, ceux-ci y trouveront une riche matière à réflexion.
« La bataille de la Sécu, une histoire du système de santé », Nicolas Da Silva, La Fabrique, 294 pages, 15 euros
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