Polémique régionale sur l’accès aux soins

Chirurgie cardiaque : les patients de l’ouest des Pays de la Loire sont-ils pénalisés ?

Publié le 30/03/2015
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La question d’éventuelles difficultés d’accès aux soins de chirurgie cardiaque n’est pas nouvelle localement. Mais la publication d’une enquête de l’URPS qui souligne « l’inégalité de prise en charge des patients ayant recours à une chirurgie cardiaque » en Pays de la Loire, avec une nette différence entre les parties est et ouest, relance le débat. La situation nantaise est ici le sujet.

Que pointe cette étude* ? Elle compare les situations à l’est (avec le CHU d’Angers pour centre de référence) et à l’ouest (CHU de Nantes), à partir des observations des cardiologues libéraux eux-mêmes.

Hors urgence, il aurait fallu à un patient de l’ouest (Vendée et Loire-Atlantique) en moyenne 8,5 semaines pour être opéré contre seulement 4,3 pour ceux de l’est. Dans 80 % des cas, le délai d’attente des patients de l’ouest dépasserait six semaines, bien supérieur aux trois semaines recommandées. « Il s’agit d’un problème chronique pour les cardiologues depuis dix ans », assure le Dr Jean-Pierre Cébron, cardiologue aux Nouvelles Cliniques Nantaises (NCN), président de la Fédération des cardiologues régionale, et qui a codirigé cette enquête.

Surtout, l’étude compare les « complications graves évitables » (hospitalisation, décès) qui résulteraient de ces délais excessifs. « 65 % des cardiologues de la partie est de la région déclarent n’avoir jamais constaté de complication grave consécutive à des délais longs contre 35 % pour l’ouest », rapporte l’étude. CQFD : l’ouest de la région est beaucoup moins bien loti.

Autorisation

Quel crédit donner à ces données ? « Chacun d’entre nous a ses dossiers patients, ces observations traduisent la réalité », déclare le Dr Cébron. Au CHU de Nantes en revanche, le directeur général adjoint Hubert Jaspard évoque « beaucoup de points de cette enquête sur lesquels on n’est pas en phase ». Sur la forme, le CHU met en cause un procédé « gênant », mêlant données factuelles et ressenti des spécialistes interrogés. Sur le fond, il relève un paradoxe. « L’enquête explique que 99 % des cardiologues de l’ouest adressent leurs patients au CHU de Nantes. Ils sont 73 % dans l’est à orienter vers le CHU d’Angers, Mais on nous dit qu’il y aurait des difficultés d’accès à Nantes ! Pour nous, ce chiffre de 99 % est plutôt le signe d’une satisfaction des cardiologues ».

Le directeur général adjoint du CHU assure que le vrai sujet est plutôt la demande d’autorisation de chirurgie cardiaque sollicitée par... les Nouvelles Cliniques Nantaises. Requête refusée encore il y a un an.

« Le SIOS [schéma interrégional d’organisation sanitaire] a conclu qu’il n’y avait pas de problème de prise en charge, reconnaît le Dr Cébron. Donc pas de besoin d’autorisation nouvelle. Je pense que la raison principale de ce refus est la volonté de protéger l’activité du CHU. »

*Travail mené auprès des 150 cardiologues libéraux exerçant dans les Pays de la Loire (avec un taux de 37 % de réponses)
De notre correspondant Olivier Quarante

Source : Le Quotidien du Médecin: 9399