Le Dr Sébastien Thos, 44 ans, médecin généraliste au sein de la structure SOS médecins de Vannes (Morbihan) et élu à l'URPS Bretagne, a été mis en confinement 24 heures après avoir vu un patient contaminé. Il raconte au « Quotidien » cette quarantaine express et dénonce une gestion de crise trop « hospitalocentrée ».
LE QUOTIDIEN : Vous avez été placé en confinement le week-end dernier. Comment cela s'est-il passé ?
Dr SÉBASTIEN THOS : Oui j'ai commencé ma « quatorzaine » samedi soir, après avoir vu en consultation la semaine précédente un patient âgé, qui fait partie du foyer de Crac'h avec Auray et Carnac. Ce dernier a été testé tardivement, après une hospitalisation, et s'est révélé être positif alors qu'il ne présentait pas les critères de risque au Covid-19.
Mon confinement n'aura pas duré longtemps ! L'ARS m'a rappelé dès dimanche soir en soulignant qu'il n'y avait plus d'indication de confinement en stade 2 pour les professionnels classés comme sujet contact asymptomatiques. Je suis donc retourné travailler lundi soir, mais avec l'obligation de porter un masque, des gants et de vérifier ma température deux fois par jour.
Mais avez-vous ce matériel requis pour retourner consulter ?
Oui, car le centre de soins urgents de SOS médecins à Vannes fonctionne en partenariat avec la clinique Océane (Elsan), qui a fourni le matériel nécessaire, dont les masques.
Mais je sais que c'est loin d'être le cas pour la majorité de mes confrères en ville, qui ne sont pas équipés, et c'est un gros problème. La gestion est mauvaise et trop hospitalocentrée. Il n'y a eu aucune anticipation ! Les libéraux auraient dû être mis dans la boucle et formés dès le début – médecins comme infirmières. Par exemple, il y a une façon de mettre et d'enlever ces fameux masques FFP2, si on ne veut pas se contaminer soi-même.
Vous attendez-vous à recevoir d'autres patients contaminés en consultation ?
Oui, il y en aura sûrement d'autres. Rien que ce lundi, mes collègues de SOS m'ont dit que cinq patients suspects avaient été vus au centre. Certains ont été renvoyés chez eux, pour confinement, d'autres ont été transférés à l'hôpital.
Cela n'est d'ailleurs pas simple pour notre activité, car chaque cas suspect doit être isolé dans un box, ensuite désinfecté par une équipe de la clinique. Et nous continuons à voir des patients pour d'autres pathologies en même temps.
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