Conventionnement sélectif, rémunérations plafonnées dans le privé : la FHF délivre une potion amère pour la ville

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Publié le 03/02/2017
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Crédit photo : S. TOUBON

La Fédération hospitalière de France (FHF, qui représente la quasi-totalité des hôpitaux publics) a appelé ce vendredi à des réformes de fond, dénonçant la politique « des économies au rabot conduite au coup par coup, sans réorganisation globale »

L'organisation présidée par Frédéric Valletoux a détaillé devant la presse un programme ambitieux (12 orientations, 50 clés de déverrouillage), et parfois décapant, à l'attention des candidats à la présidentielle, en faveur d'un système de santé « plus juste, plus accessible, innovant et de qualité ». Fruit d'une consultation en ligne et d'un tour de France, sa plateforme est un classique de la FHF, qui n'hésite pas à bousculer la médecine de ville et à réclamer davantage d'encadrement pour le secteur libéral. 

Se battre à armes égales

La première pique à la médecine de ville concerne la liberté d'installation. Afin de lutter contre les inégalités régionales d'accès aux soins et donner « un nouvel élan d'attractivité médicale », la FHF milite pour un conventionnement sélectif « en ne rendant plus possible l'installation en secteur II dans les zones sur denses », tout en préservant la liberté d'installation en secteur I. 

Pour enrayer la pénurie médicale dans les hôpitaux, la FHF réclame de pouvoir « se battre à armes égales » avec le privé. Comment ? En « plafonnant par la voie législative les écarts de rémunération entre le secteur privé à but lucratif et le service public hospitalier ».

Dans la même veine, les hospitaliers veulent rendre obligatoire la participation des libéraux à la permanence des soins. « Dans le secteur de l’imagerie, illustre la FHF, aucune nouvelle autorisation d’équipement ne devrait pouvoir être donnée dans le secteur privé sans formalisation d’un engagement de participation des professionnels libéraux à la permanence des soins. »

Ouvrir les GHT... 

Les compétences des paramédicaux doivent être accrues, poursuit l'organisation hospitalière. Cela permettra « non seulement de concentrer le travail médical sur les tâches à haute valeur ajoutée mais également de donner aux Français de nouvelles possibilités d'accès aux soins. »

Alors que le déploiement des consultations avancées de médecine générale exaspère le monde libéral, la FHF va plus loin en réclamant « des carrières hospitalières davantage ouvertes vers la médecine de ville, par une évolution des statuts et une reconnaissance de carrières davantage diversifiées ».

Le déploiement des groupements hospitaliers de territoire (GHT) doit être perçu comme une opportunité de gommer cette frontière entre la ville et l'hôpital au bénéfice du patient. À ce titre, la FHF réclame « dès le début du prochain quinquennat » d'ouvrir en grand les GHT vers la ville. « Des initiatives en matière de système d'information, d'équipes partagées mais également de financement au parcours devront être étudiées, dans le respect des spécificités de chacun », lit-on dans la plateforme.

Pour un opérateur d'intérim parapublic

La FHF balaie également devant la porte de ses 1 000 établissements publics.

Elle réclame au prochain président de la République un engagement à « éradiquer les abus en matière de dépassement d'honoraires [à l'hôpital, NDLR] en renforçant les capacités de contrôle des hôpitaux ». Si les dépassements représentent 100 millions d'euros à l’hôpital public (au titre du secteur privé des PH), ils s’élèvent à deux milliards d'euros dans les cliniques et en médecine de ville, précise toutefois la FHF.

Au chapitre de l'intérim médical, la FHF appelle à la mise en place d'un cadre légal beaucoup plus strict, « en définissant des honoraires maxima applicables et en mettant en place un dispositif d’intérim parapublic à honoraires modérés ».

Intéressement collectif

Le plan d'attaque de la FHF s'intéresse également aussi à la bonne gestion de ses propres effectifs. Elle demande la généralisation de l'entretien professionnel « pour mieux évaluer et valoriser les performances des agents », la création « d'outils de valorisation du mérite », « l'instauration d'un système d'intéressement collectif » pour les équipes médicales et l'ensemble des personnels.

La FHF relance son cheval de bataille sur la pertinence des actes, dont près de 30 % ne seraient pas « pleinement justifiés », rappelle-t-elle. Le nombre d’ablations des amygdales varie du simple au triple entre la Creuse et la Gironde, lit-on.

Pour une fois sur la même ligne que la Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), la FHF souhaite intégrer « de façon pleine et entière » la qualité et la pertinence des soins dans les modèles de tarification hospitalière et « lier de façon plus étroite les rémunérations au respect des meilleures pratiques cliniques ».   

Offensive, la Fédération appelle de ses vœux un dispositif d'« autonomie avancée » pour les hôpitaux volontaires, instauré par voie législative. Il pourrait conférer une plus grande souplesse en matière de recrutement, de gestion des temps et de relations sociales, peut-on lire.

Elle épingle enfin certaines décisions « prises nationalement mais non financées », et qui pèsent lourd sur les budgets hospitaliers,  comme les revalorisations du point d'indice ou la réduction du temps de travail des urgentistes. 


Source : lequotidiendumedecin.fr