Olivier Véran l'a promis. Des masques chirurgicaux sont déstockés et acheminés dans les officines par les grossistes-répartiteurs pour être distribués cette semaine par les pharmacies aux généralistes. Mais contrairement à ce qui avait été annoncé, « les professionnels de santé n’auront pas besoin de "bons" pour se procurer des masques, révèle lundi soir la CNAM au "Quotidien". Les officines vont être livrées directement en masques et recevoir des consignes du ministère sur les modalités de délivrance ».
Selon Gilles Bonnefond, président de l'Union syndicale des pharmaciens d'officine (USPO), « les grossistes répartiteurs sont en train de se répartir les protections du stock de l'EPRUS (établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires, NDLR). Il y a au total 15 millions de masques dont 10 millions pour les professionnels de santé, en priorité les médecins généralistes, et 5 millions pour les agences régionales de santé », assure-t-il.
Protection adéquate
Malgré cette promesse de déstockage, la polémique a enflé ces derniers jours sur le manque d'anticipation des autorités pour équiper rapidement et surtout efficacement la médecine libérale « en première ligne » dans cette bataille. Plus précisément, c'est l'absence de mise à disposition immédiate des masques FFP2 en ville (et non pas seulement des masques chirurgicaux) qui nourrit l'inquiétude et les critiques des syndicats de praticiens libéraux.
« Tant que le pays n’est pas en phase épidémique, les masques FFP2 sont réservés aux soignants réalisant des gestes invasifs, donc aux centres de référence, se désole la CSMF. Nous continuons à exiger l’envoi dans nos cabinets de masques FFP2 de toute urgence, avant de se retrouver débordés par l’épidémie qui arrive ! »
Point UFMLS Covid19 01 Mars
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) March 1, 2020
toujours pas de masque FFP2 ni de kits pour la médecine libérale
absence de préparation à une pandémie
Pas de moyens de protections pour nos ainés pic.twitter.com/qPZu1nPsnH
Donc je vous résume : pour les libéraux le FFP1 suffit à les protéger, parce que chez rux les patients sont pas graves et les FFP2 doivent etre reserves aux services hospitaliers prenant en charges cas decompensés....
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) March 1, 2 020
Ce qui est une curieuse notion de la vraie vie.... https://t.co/MGYgviRhug
L'URPS médecins libéraux d'Auvergne-Rhône-Alpes ne mâche pas ses mots. Dans un communiqué, elle se dit « choquée » ce lundi « de l’absence de mise à disposition de soignants libéraux des masques FFP2, seule protection efficace ». « Envoyer les médecins généralistes en première ligne avec de simples masques chirurgicaux, c’est prendre le risque de les laisser se contaminer en nombre et de les voir rapidement à l’isolement en quarantaine », s'exaspère l'Union. « Cela est irrespectueux, non seulement pour les médecins, mais aussi pour la population qui risque de manquer de médecins généralistes », peut-on lire. Et de réfuser que les médecins de famille soient « les laissés pour compte de cette gestion de la pandémie ».
Pénurie
Pas en reste face à l'imminence d’une épidémie (phase 3), MG France appelle le gouvernement à changer de braquet en délivrant immédiatement les protections indispensables. « Pour cette prise en charge ambulatoire, les généralistes ont besoin des équipements nécessaires à leur propre protection (masques FFP2, solutés hydroalcooliques, lunettes etc.) et à la protection de leurs patients (masques chirurgicaux) ».
Le SML assure pour sa part s’être rapproché du ministère pour « obtenir l’accélération de la distribution du matériel de protection des médecins » dans un cadre coordonné avec les pharmaciens d’officine. Du côté de la FMF enfin, le Dr Marcel Garrigou-Grandchamp alerte dans un billet sur « une pénurie de masques protecteurs notamment pour les soignants ». « Demain, déplore la centrale sur son site, les généralistes et urgentistes vont être en première ligne eux aussi sans protection ».
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