Mulhouse (68)
Dr François-Xavier Ley
Un article paru dans « le Quotidien » du 30 janvier, « le patron de la CNAM à l’offensive sur tous les fronts », fait à nouveau état de la part du directeur de l’Assurance-maladie d’un constat de non-réactivité de l’Ordre face aux dépassements abusifs d’honoraires ! Il s’agit là d’une contre-vérité régulièrement distillée par les responsables de l’assurance-maladie. En effet, notre président au niveau national, et nous-mêmes dans les régions, n’arrêtons pas de rappeler aux caisses de nous transmettre les dossiers dont elles ont connaissance ! Sans résultat depuis plusieurs années, si ce n’est des histoires « de chasse » jamais confirmées au moyen de preuves.
An Alsace, nous avons même eu la visite de l’IGAS, qui a diligenté une enquête au conseil régional disciplinaire de l’époque (avant 2007) sur ce sujet dont le résultat a confirmé notre rigueur : aucune affaire classée sans suite, ni même tous simplement aucune affaire enregistrée ! La volonté ordinale a donc toujours été disponible, mais jamais sollicitée et ce n’est pas faute de l’avoir affirmée dans toutes les réunions avec les Caisses, l’ARS et les Conférences régionales de santé, voire même par le biais d’une circulaire rappelant le tact et la mesure à tous les confrères de la région Alsace. C’est à se demander si ce défaut déclaratif ne cache pas tout simplement la volonté de l’assurance-maladie de vouloir « sévir » directement par le biais conventionnel en by-passant l’ordre régional et ses chambres disciplinaires.
* Le Dr Ley est président du Conseil régional d’Alsace de l’Ordre des médecins.
Divertissant !
Dieuze (57)
Dr Jean-Jacques Richard
L’agitation médiatico-politique qui entoure le problème de la désertification médicale des zones rurales serait amusante, particulièrement à l’approche d’une élection nationale majeure, si elle n’était infiniment navrante. Après avoir instauré le numerus clausus et inventé le MICA, les grosses têtes parisiennes et autres admettent enfin l’étendue des dégâts que nous avions tous prévus de longue date.
À titre personnel, j’ai eu l’idée saugrenue, au siècle dernier, de « monter » un cabinet de radiologie conventionnelle dans un bourg mosellan, à la satisfaction de beaucoup.
Depuis quelques années, à l’approche de mes 65 ans, j’ai alerté quelques édiles locorégionaux quant aux conséquences de mon départ à venir… Silence méprisant.
Beaucoup de bulles pour rien. Les habitants n’auront qu’à se débrouiller : retour aux années cinquante et allez vous « faire voir » à la grande ville. Depuis 30 ans, les énarques et autres « penseurs » continuent de se payer nos têtes… et cela n’a pas fini de continuer !
Retraite, CQFD
Arc-en-Barrois (52)
Dr Jean-François Sommelet
J’aurai 65 ans en mai 2012. La médecine générale rurale, difficile, est ma vie. Dans les conditions d’exercice qui sont les miennes actuellement – cabinet de groupe à trois, PDS à sept –, j’envisageais encore cinq ans d’activité.
Je reçois de la CARMF l’avis de paiement de mon acompte sur cotisations 2012 :
- En 2010, pour 182 981 euros de cotisations versées, ma retraite annuelle atteignait 35 814 euros.
- En 2011, pour 190 744 euros de cotisations versées, ma retraite annuelle atteint 34 521 euros, soit 100 euros de moins par mois.
Vous en tirerez avec moi, je pense, les conclusions qui s’imposent…
HTA « génériquée », une réponse au Pr Mourad
Arthes (81)
Dr Gilles Alquier
Monsieur le Pr Jean-Jacques Mourad, monsieur et cher confère,
J’ai lu avec attention dans « le Quotidien » du 12 janvier votre article intitulé « L’hypertension artérielle génériquée ». J’espère que vous me pardonnerez si je vous dis que j’ai été choqué qu’un professeur de médecine reconnu comme vous l’êtes reprenne exactement les arguments développés par les représentants de l’industrie pharmaceutique lors de la mise en place des génériques.
Votre comparaison avec les voitures et les ordinateurs ne tient pas la route intellectuellement puisque, et vous le savez très bien, il en est de l’hypertension comme dans beaucoup d’autres domaines où les molécules dites anciennes font aussi bien, sinon mieux, que les nouvelles.
L’exemple tout récent du Rasilez est là pour nous le rappeler, je salue au passage l’éthique du laboratoire qui a immédiatement averti l’ensemble des prescripteurs de ce qu’une première étude de leur nouveau médicament n’apportait rien par rapport aux IEC et ARA2 et avait des effets délétères apparemment plus importants.
Pourtant, je fais partie des médecins qui ont prescrit ce médicament car je suis de votre avis sur la nécessité de prescrire de nouveaux produits, du moins ceux qui sont vraiment novateurs. Mais cette prescription doit rester confidentielle par rapport à ceux qui ont apporté des preuves irréfutables au plan de la morbimortalité, seul critère qui doit intéresser les médecins.
Vous nous parlez de progrès pharmacologiques mais en terme de critères intermédiaires qui, je le pensais, ne devaient plus avoir cours à l’époque de la médecine par les preuves. Vous parlez de l’intérêt des associations, j’en prescris également un peu, mais on peut leur trouver aussi pas mal d’inconvénient : auquel des deux ou trois produits attribuer un effet délétère et quel médicament réintroduire ?
Le problème de l’observance n’est-il pas plutôt un problème de relation médecin-malade ? Le médecin doit convaincre son patient de l’utilité de prendre les traitements antihypertenseurs, et c’est peut-être l’occasion de diminuer d’autres classes encore très prescrites…
Dans l’EHPAD où je travaille, je viens de tomber sur une ordonnance d’une patiente de 90 ans qui prend 15 médicaments dont deux associations, ce qui lui fait en tout 17 molécules.
J’espère que vous n’en voudrez pas à un modeste médecin de terrain pour ce courrier et je vous prie de croire en mes meilleures salutations confraternelles.
Quand la CARMF scie la branche…
Antibes (06)
Dr Patricia Étienne
Réagissant à vif contre l’une des difficultés principales que peuvent rencontrer les jeunes médecins – nos charges, lorsque l’on fait le choix d’une activité modérée pour préserver sa vie familiale et la qualité du temps de consultation –, j’ai envoyé à la CARMF le courrier que voici :
Madame, Monsieur,
Veuillez prendre en considérations ces quelques faits, qui mettent en péril la poursuite de la médecine libérale.
De ma promotion, je suis la seule à m’être installée en médecine libérale (thèse et DES de médecine générale en 2009). Je n’avais pas eu vraiment besoin d’avoir affaire à la CARMF auparavant, ni même précisément regardé le régime de cotisation avant de m’installer. Je vous ai contactés il y a seulement quelques mois, pour prendre des renseignements concernant mon congé maternité.
D’abord, j’ai eu la surprise, après une longue attente, d’être très mal reçue au téléphone, par une personne elle-même salariée et ayant de congés maladie et maternité, me disant sur un ton désagréable mes droits et mes devoirs, c’est-à-dire ne rien toucher mais continuer de payer, alors même que je ne travaille pas… Et puis pas d’exemption non plus puisque j’étais déjà exemptée soit disant en tant que jeune installée.
Peu m’importe alors ! Je suis enceinte, heureuse du métier que j’exerce, heureuse d’être maman pour la deuxième fois (j’étais salariée la première fois), j’ai mis de l’argent de côté…
J’ai eu alors la curiosité de regarder le détail des cotisations et ai été un peu interpellée de comprendre que moins on gagnait, plus on payait proportionnellement.
Aujourd’hui, alors que je ne travaille pas pendant encore un mois (j’ai accouché en décembre), que mes finances ont fondu, je découvre que je vais devoir payer 1 100 euros par mois de cotisations CARMF. Ce qui fait que, quand je vais reprendre en laissant mon bébé de 2 mois avec une activité adaptée aux contraintes horaires de mes deux enfants, je toucherai moins d’un SMIC pour plus de 35 heures par semaine.
J’aime beaucoup mon travail. J’aime beaucoup ce que je fais. Mais mon premier réflexe est de chercher une activité de salariée.
Voilà pourquoi je me permets de vous dire que la CARMF est en train de scier la branche sur laquelle elle est assise : les jeunes médecins (femmes).
Ma biosociologie
Paris (75)
Simon Berenholc*
Le 15 mars 1990, j’ai fait une conférence à l’Académie nationale de chirurgie dentaire, où j’ai parlé de « biosociologie ». Ce terme est pour moi « l’étude comparée des analogies comportementales sociales, entre des cellules, libres ou associées, et la société humaine ».
Il n’y a pas de similitude avec la biosociologie lancée par le Pr Hamburger le 26 juin 1991 – qui se veut un terme qui pourrait être choisi pour l’étude de l’ensemble des risques biologiques que comportent les mœurs humaines – et cette discipline nouvelle, qui aura pour tâche de chercher méthodiquement les moyens compensateurs de nos comportements périlleux. Il apparaît alors que cette définition s’apparente bien plus au principe de précaution. (...)
Pour moi, la biosociologie s’explique par la communication, la nutrition, et la pérennisation. Mon principe de base, explicité dans une conférence donnée le 16 novembre dernier au Palais de la Découverte, concernait le principe de précaution, mais il s’applique aussi bien à la vie biologique ou sociale. Tout ce qui vit, tout ce qui bouge, dans un environnement donné, crée une rétroaction, spécifique à la pression exercée par un tel environnement. C’est ainsi que nous optons, pour le langage intercellulaire, et pour parler de reconnaissance du soi et du non soi, il peut découler des déclinaisons comme homoglotte ou isoglotte, et héteroglotte ou alloglotte, mais aussi xénoglotte. Ce qui explique mieux l’acceptation ou le rejet des greffes par exemple.Ma biosociologie sera le titre d’un ouvrage en préparation.
* Chirurgien-dentiste
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