Dr Pierre Suesser

« Depuis 20 ans, la médecine de PMI est abandonnée »

Publié le 30/01/2014
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Crédit photo : S CANNASSE

LE QUOTIDIEN : Créée en 1945, où en est aujourd’hui la PMI ?

DR PIERRE SUESSER : Les services de PMI disposent de moyens en personnel et locaux insuffisants. Des consultations pour nourrissons ou femmes enceintes sont supprimées : quand elles ne le sont pas administrativement, les difficultés pour recruter des médecins, liées au manque d’attractivité des carrières, empêchent que ces consultations aient lieu dans les temps. Les délais s’allongeant, il devient compliqué d’assumer notre rôle préventif. On se voit parfois dans l’obligation de renvoyer les parents vers un médecin traitant pour les premiers vaccins, alors que l’offre médicale de ville n’est pas toujours suffisante. Nous sommes dans une impasse.

Les sages-femmes sont de plus en plus requises pour les consultations prénatales, qui souffrent de la pénurie de gynécologues, et sont moins disponibles pour les visites à domiciles. Les puéricultrices sont souvent sollicitées par la protection de l’enfance, au détriment de la prévention sanitaire.

Comment expliquez-vous cette situation ?

Depuis vingt ans, la PMI est abandonnée par les ministères de la Santé successifs, qui n’ont aucune politique incitative. Alors que la PMI est une politique nationale, inscrite dans le code de santé publique, ses services ont été confiés aux départements depuis la décentralisation opérée dans les années 1980, qui s’est traduite par l’éclatement des missions de PMI. Les crédits n’étant pas fléchés, l’offre est très inégale sur le territoire.

Les équipes de PMI sont dispersées sans coordination.

Dans le cadre de la stratégie nationale de santé (SNS), quelles sont vos propositions ?

Cette stratégie nationale de santé nous redonne espoir car elle s’inscrit dans les principes de la PMI, très moderne malgré son image de vieille dame. Nous demandons la création d’une instance nationale pour la promotion et la protection de la santé familiale, impulsant une politique globale, qui se traduise localement par le regroupement des acteurs (PMI, hospitaliers, santé scolaire, pédopsychiatres...) dans les ARS, les départements et les villes.

Nous souhaitons surtout un plan d’urgence pour accroître la démographie des professionnels de santé. Nous exigeons le maintien des services de PMI dans tous les départements, sous la direction d’un médecin, non d’un administratif. Enfin, nous demandons le renforcement de nos financements par l’État, les ARS, l’assurance-maladie et les collectivités locales.

La pétition « un plan d’urgence pour assurer l’avenir du service public de protection maternelle et infantile » est accessible sur ww.assureravenirpmi.org

Propos recueillis par Coline Garré
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Source : Le Quotidien du Médecin: 9297