Démographie

Des modes d’exercice en pleine évolution

Publié le 12/11/2015
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La France risque-t-elle de manquer de pédiatres au cours des prochaines années ? « Nous pourrions répondre oui et non. En effet, il est clair que les modes d’exercice évoluent et que l’offre de soins et surtout le parcours de soins des enfants doivent être repensés et réorganisés. Le pédiatre doit rester le chef d’orchestre du suivi des enfants du fait de sa formation et de sa pratique exclusive pédiatrique. Cependant ce suivi s’exercera de façon plus concertée avec d’autres professionnels de santé non seulement les médecins généralistes, mais aussi les puéricultrices, les infirmières etc. Il faut également tenir compte des modifications du temps de travail, comme dans les autres spécialités médicales », souligne la Pr Brigitte Chabrol présidente de la Société française de pédiatrie (SFP).

D’après les chiffres de l’Atlas démographique 2015 de l’Ordre des médecins, les effectifs de pédiatres en 2014 se répartissaient en 4 539 pédiatres salariés (64,2 %), 1 710 pédiatres libéraux (24,2 %) et 823 pédiatres à activité mixte (11,6 %). « Les pédiatres salariés travaillent majoritairement dans les hôpitaux généraux et les CHU mais aussi dans les collectivités territoriales et les PMI. Les pédiatres à activité mixte ont un exercice à la fois libéral et salarié », précise la Pr Chabrol.

Cette répartition n’est pas exactement la même lorsque les pédiatres, fraîchement diplômés, s’inscrivent au conseil de l’Ordre. « Ils sont alors 88 % à déclarer une activité salariée et seulement 3 % un exercice libéral. Ceci s’explique par le fait que beaucoup de jeunes pédiatres restent un certain temps à l’hôpital comme assistants ou chefs de clinique », indique la Pr Chabrol. Cinq ans après cette première inscription à l’Ordre, 68 % des pédiatres déclarent une activité salariée, 13 % un exercice libéral et 11 % un exercice mixte.

1 620 pédiatres formés

Autre constat : ces dernières années, le nombre de postes en DES de pédiatrie a augmenté. « Pour l’année 2015-2016, il y a 345 postes ouverts pour l’examen national classant (ECN) alors qu’on n’en recensait que 200 en 2008. Dans les quatre ans à venir, on devrait avoir 1 620 pédiatres formés », explique le Pr Chabrol, en ajoutant que ce chiffre de 345 pédiatres ne pourra pas, à lui seul, permettre de faire face aux besoins de soins de la population pédiatrique. « On estime qu’il faut entre 400 et 500 nouveaux pédiatres par an pour couvrir ces besoins. Mais en fait, on arrive à ce chiffre si on ajoute aux internes, les médecins à diplôme étranger et les médecins qui accèdent à la pédiatrie via la validation des acquis de l’expérience (VAE) », indique la présidente de la SFP.

Les pédiatres, notamment libéraux, ne sont pas également répartis sur le territoire. « Aujourd’hui, 68 % des bassins de vie ne comptent aucun pédiatre libéral ou à exercice mixte. Dans 13,3 % de ces bassins, on constate une baisse des effectifs de pédiatres libéraux. Enfin dans 9,4 % des bassins, les effectifs sont stables ou même en augmentation », explique la Pr Chabrol. « Dans ces territoires, qui n’ont plus ou peu de pédiatrie libérale, l’offre de soins pédiatriques est constituée principalement par l’hôpital en particulier les services d’urgences ou de consultations. Ceci implique une réorganisation des parcours de soins et une réflexion est en cours au niveau des tutelles dans ce sens », ajoute-t-elle.

À l’avenir, les modes d’exercice en libéral devraient aussi évoluer. « Aujourd’hui, tous nos internes ont une formation très largement hospitalière et ils apprécient le travail en équipe. C’est tout naturellement qu’ensuite, ils privilégient des installations libérales dans des cabinets de groupe qui permettent de mobiliser des ressources médicales et paramédicales autour de la santé de l’enfant », souligne la présidente de la SFP.

D’après un entretien avec la Pr Brigitte Chabrol, présidente de la SFP
Antoine Dalat

Source : Bilan spécialiste