La grève des généralistes « n'est vraiment pas responsable », tacle Élisabeth Borne

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Publié le 03/01/2023

Crédit photo : AFP

La guerre des nerfs continue entre le gouvernement et la médecine libérale. Le ministre de la Santé François Braun avait déjà jugé fin décembre la grève hivernale des libéraux « particulièrement malvenue » dans une période d'extrême tension aux urgences. Mais ce mardi, c'est la Première ministre, Élisabeth Borne, qui a elle-même qualifié de « vraiment pas responsable » cette grève des médecins libéraux, entamée pendant les fêtes et qui se poursuit toute cette semaine, à l'appel du collectif Médecins pour demain. 

« Je peux entendre qu'ils peuvent rencontrer des difficultés, qu'ils peuvent souhaiter des améliorations, mais ça n'est vraiment pas responsable de faire grève, notamment dans cette période de fêtes, où ça a augmenté les tensions sur l'hôpital », a accusé la Première ministre sur FranceInfo.

Une partie des syndicats grévistes seulement 

Lancé par le collectif de praticiens libéraux coordonnés Médecins pour demain – mais soutenu par plusieurs syndicats dont l'UFML, le SML, la FMF et Jeunes Médecins – le mouvement s'est traduit la semaine dernière par une baisse d'activité de 10 % des généralistes, selon le décompte de l'Assurance-maladie. Le collectif à l'initiative de la grève revendique de son côté un mouvement « extrêmement bien suivi », la semaine dernière, avec, selon les régions, jusqu'à 60 à 80 % des généralistes mobilisés. 

Élisabeth Borne a tenu à souligner ce mardi que seule « une partie des organisations qui représentent les médecins ont effectivement appelé à la grève » et rappelé qu'« il y a une discussion en cours ». De fait, plusieurs organisations majoritaires – MG France, la CSMF ou encore le syndicat de spécialistes libéraux Avenir Spé – se tiennent à l'écart des appels à la fermeture complète des cabinets. Ce mouvement de colère parti de la base survient en pleine négociation d'une nouvelle convention entre la Sécu et les syndicats pour les cinq prochaines années. Une séance plénière, le 15 décembre, a énuméré les premiers points de convergence et de désaccord et les négos doivent reprendre la semaine prochaine. Insuffisant pour les grévistes, quand d'autres syndicats espèrent toujours qu'il y aura du « grain à moudre ».    

Attractivité des métiers et pénibilité

Comme François Braun, Élisabeth Borne a mis en avant le contexte épidémique lourd et la suractivité qui pèse sur les équipes hospitalières. En cette période hivernale, « nos hôpitaux font face à trois épidémies simultanées » de grippe, de bronchiolite et de Covid, a-t-elle insisté, et « une fois de plus les soignants sont très mobilisés pour (y) faire face ».

Face à un système de santé sous haute pression, la locataire de Matignon a par ailleurs rappelé les « augmentations importantes » de salaires à l'hôpital depuis deux ans, tout en reconnaissant que cela « n'a pas tout réglé » et qu'« il y a d'autres sujets à traiter », notamment « des enjeux d'organisation » et « un travail sur l'attractivité des métiers pour réduire la pénibilité ».

Autant de sujets sur lesquels Emmanuel Macron « aura l'occasion de s'exprimer en fin de semaine dans ses vœux aux soignants », a-t-elle indiqué, précisant que le gouvernement « présentera une feuille de route dans les prochaines semaines pour répondre à ces attentes ».

C.D. (avec AFP)

Source : lequotidiendumedecin.fr