Les médecins libéraux des Antilles frustrés d'avoir été évincés des secours

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Publié le 14/09/2017
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Les médecins libéraux ne digèrent pas d'avoir été écartés par les autorités des dispositifs de secours sur les îles Saint-Martin et Saint-Barthélemy.

« Avant l'arrivée d'Irma, nous avons proposé nos services à l'Agence régionale de santé (ARS), explique le Dr Anne Criquet-Hayot, généraliste et présidente de l'Union régionale des médecins libéraux (URML) de Martinique. Des équipes de chirurgiens libéraux ont été constituées rapidement sur sollicitation de l'ARS Martinique qui a ensuite annulé la mission, sur consigne ministérielle, car seuls les professionnels de santé agréés par l'Établissement de préparation et de réponse aux urgences sanitaires (EPRUS) ont eu l'autorisation de partir. »

Cette décision en a surpris plus d'un. Le Dr Gilles Goulon, chirurgien orthopédique à la clinique Sainte-Marie en Martinique, avait également proposé ses services. « Nous sommes stupéfaits. Nous avons déjà eu des expériences notamment en 2010 à Haïti, réagit-il. Et là, nous découvrons l'existence de ce service. Nous sommes totalement en manque d'informations. »

Les médecins libéraux martiniquais sont d'autant plus étonnés qu'ils avaient suivi en mars dernier un exercice grandeur nature organisé par la préfecture pour se préparer à la gestion de catastrophes naturelles. « Nous sommes formés pour ce terrain et pour nous coordonner avec d'autres équipes et après on nous dit : "On n'a plus besoin de vous…". C'est quand même paradoxal », ajoute le Dr Criquet-Hayot.

La Commission nationale des unions régionales des professionnels de santé médecins libéraux (CN URPS-ML) regrette également que les praticiens ne soient pas associés aux secours ou à leur organisation. « Les médecins libéraux assurent la moitié des prises en charge chirurgicales, il n'est pas compréhensible que ces ressources disponibles ne soient pas mobilisées dans de telles situations sanitaires exceptionnelles », souligne son président, le Dr Philippe Boutin.

Un projet pour relancer l'activité des praticiens

En dépit des frustrations, les bonnes volontés demeurent. L'URML de Martinique et la Conférence des URPS-ML ont déjà annoncé qu'elles restaient mobilisées si besoin. En Guadeloupe, le président de l'Union régionale des professionnels de santé (URPS), le Dr Guy Ursule explique qu'une mission avec les libéraux est en train d'être montée. « Avec l'ARS Guadeloupe, nous essayons de démarrer une activité libérale dans un endroit dédié et sécurisé à Saint-Martin », détaille-t-il.

L'objectif est de pouvoir faire parvenir du matériel aux médecins de l'île qui ont parfois tout perdu pour assurer les premiers secours et les soins quotidiens (tensiomètres, kits à pansements etc.). L'URPS et l'ARS Guadeloupe prévoient de faire transiter le matériel via l'armée ou la gendarmerie. « Il faut permettre aux médecins qui sont sur place de reprendre un début d'activité », ajoute le Dr Ursule.

Sophie Martos

Source : Le Quotidien du médecin: 9601