L’UMESPE défend son modèle pour les médecins spécialistes

Publié le 26/03/2009
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MG-FRANCE PRONE depuis plusieurs mois le développement des maisons de santé pour les médecins généralistes et les professions paramédicales. L’Union des médecins spécialistes confédérés (UMESPE) veut promouvoir ce concept pour les médecins spécialistes, dont les spécialistes en médecine générale. Son président, le Dr Jean-François Rey, défend aujourd’hui bec et ongles le projet des maisons de spécialistes (MDS), élaboré en six semaines, qui répond à la définition de la médecine spécialisée de second recours dans le projet de loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST). Que seraient précisément ces nouvelles structures libérales ? Rien à voir avec des cabinets de groupe et des consultations externes hospitalières. « Elles auraient pour but de conforter l’exercice de la médecine clinique de proximité pour lequel l’exercice isolé devient de plus en plus difficile, commente le Dr Jean-François Rey. La médecine libérale future sera de groupe ou ne sera plus. Tous ceux qui ne le comprendraient pas se trompent d’époque ». Le président de l’UMESPE en veut pour preuve le choix des jeunes praticiens qui rechignent à s’installer en libéral de façon isolée et démarrent le plus souvent leur carrière par une période de remplacement ou de salariat. Pour autant, l’exercice regroupé ne doit pas être l’apanage des jeunes générations. Selon le leader des spécialistes confédérés, « si les médecins plus âgés ne se regroupent pas, leur cabinet va tomber en déshérence et ils ne pourront plus le revendre ». Le Dr Rey est même persuadé qu’en l’absence de développement des MDS, certaines villes de taille moyenne (25 000-30 000 habitants) seront bientôt « des déserts médicaux en médecine spécialisée ».

L’UMESPE entend être un maître d’œuvre du déploiement des maisons de spécialistes. « Nous voulons créer un kit d’installation car aujourd’hui, il est compliqué de savoir à qui s’adresser quand on souhaite monter un projet, quelles démarches suivre, quelle structure juridique monter, quels partenaires financiers trouver… », commente le Dr Jean-Michel Klein, chargé de mission à l’UMESPE. Le syndicat va demander au Sénat d’inscrire les maisons de spécialistes dans le projet de loi HPST qui sera examiné à la Haute assemblée à partir du 12 mai.

Améliorer « l’équité sanitaire territoriale »

Cette nouvelle organisation devrait permettre de répondre à l’évolution de l’attente des patients, améliorer « l’équité sanitaire territoriale » et les conditions de vie et de travail des praticiens, selon les concepteurs du projet. Elle pourrait s’accompagner de l’évolution des modes de rémunérations, avec toujours une rémunération à l’acte mais également la création de forfaits pour des actions d’éducation thérapeutique ou de santé publique. Selon les responsables de l’UMESPE, les maisons de spécialistes devraient en effet apporter une valeur ajoutée dans l’éducation thérapeutique mais aussi en permettant la réalisation d’actes frontières ne pouvant être effectués en clinique ou au cabinet. Les MDS seraient un recours identifiable pour les médecins traitants, les services hospitaliers et les patients et permettraient de désengorger les services d’urgence et d’éviter les prises en charge inutiles en hospitalisation. Pour le Dr Rey, les maisons de santé pourraient également être attractives pour les jeunes médecins spécialistes dans les zones démographiques qui commencent à connaître une baisse de leur densité médicale.

Avant de voir les maisons de spécialistes se développer, comme c’est le cas des maisons de santé pluridisciplinaires depuis quelques années, les promoteurs devront toutefois lever plusieurs obstacles : définir les structures juridiques adéquates mais aussi trouver des modalités pérennes de financement car l’UMESPE n’entend pas demander d’aide de l’État pour monter ces projets.

Le Dr Rey est convaincu du caractère essentiel de sa démarche. « La ministre de la Santé a déclaré que d’ici à une dizaine d’années, 30 % des médecins exerceront dans ce type de structures. Si nous ne créons pas rapidement des maisons de santé, des spécialités cliniques ne seront plus présentes dans certaines villes en dehors de l’hôpital ».

 CHRISTOPHE GATTUSO

Source : lequotidiendumedecin.fr