DE NOTRE CORRESPONDANTE
« UN COUP DE TONNERRE pour la profession. » Ce sont les termes employés par Dr Alain Grossetête, médecin du travail à l’Agemetra et délégué syndical à la CGT, pour traduire la découverte, début septembre, des amendements au projet de loi sur les retraites. Des amendements qui sous-tendent une autre réforme attendue de longue date (mais pas de cette manière-là), celle des services de santé au travail (SST).
Un peu « noyée » entre les salariés, retraités et lycéens venus manifester mardi dernier à Lyon, la petite dizaine de médecins du travail assurait néanmoins que « le mouvement ne fait que débuter » pour la profession. À leurs yeux, la principale pierre d’achoppement se niche dans l’article 25, dit « quater », du projet de loi. Si ce texte est voté, « ce sont les services de santé au travail qui porteront désormais les missions qui, avant, étaient confiées aux médecins du travail », explique le Dr Grossetête. Il estime que cette orientation est « l’aboutissement d’une campagne d’analyse patronale qui dit que l’efficacité du médecin du travail se trouve du côté des conditions de travail ».
Témoins gênants.
Pour les organisations syndicales mais également pour les initiateurs de la pétition « Non à la mort de l’authentique médecine du travail » et d’autres collectifs encore, la vocation professionnelle du médecin du travail, la seule défendable à leurs yeux, se trouve du côté de l’investigation des risques pour la santé. « La clinique médicale du travail prend en compte l’ensemble du parcours du salarié dans son histoire, autant du côté des aléas que dans sa manière de rebondir », résume Alain Gossetête. Une posture aux antipodes de la conception hygiéniste qui consiste uniquement à identifier un risque pour le prévenir. « Si l’on se met en cohérence avec tout l’apport théorique de ces 30 dernières années, il n’est pas possible de résumer la santé au travail à la prévention des risques », poursuit ce médecin du travail. D’autant plus que la montée en puissance du risque psychique – communément appelé souffrance au travail – dans ses deux grandes dimensions que sont les atteintes corporelles (TMS, affections cardio-vasculaires…) et les atteintes proprement psychiques (trouble anxiodépressif, dépression…) n’a fait qu’ouvrir un peu plus le débat dans ce sens. Ce qui conduit certains médecins du travail à s’interroger : « La disparition programmée de notre profession serait-elle la mort programmée de témoins devenus gênants ? »
À l’heure où débutait la manifestation lyonnaise du 12 octobre, les associations de médecine du travail et organisations syndicales tenaient un meeting à la Bourse du travail de Paris, appelant les médecins à se mobiliser devant le Sénat.
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